Femme triste après une conversation téléphonique

Sortir de l'insécurité affective.

L’insécurité affective toucherait entre une personne sur vingt et une sur cinq. Mal gérée, l’insécurité affective peut évoluer, prendre de l’ampleur et se muer en dépendance affective. D’où vient l’insécurité affective ? Et comment s’en défaire ?

Il est parfaitement sain d’être attaché à son conjoint, sa famille ou ses amis. Mais dans le trouble de la personnalité dépendante, il y a des pensées et des réactions excessives qui induisent de la souffrance. Ces personnes ont besoin de l’autre pour vivre, pour exister, pour penser. Elles considèrent à tort ce besoin comme une nécessité vitale. Qu’elles aient l’impression de ne pas être aimée ou qu’elles se considèrent incapables, elles utilisent la relation à l’autre comme moyen de réassurance. Cela peut induire des comportements extrêmes d’attachement, de contrôle et/ou de soumission aux autres.

 

Parmi les comportements induits par ce trouble, on peut déceler :

  • ne pas supporter la solitude, être angoissé dès que l’autre s’absente,
  • craindre qu’il n’arrive malheur à l’autre, parfois jusqu’à imaginer des scénarios catastrophes dès que l’autre à cinq minutes de retard,
  • durant les moments de séparation, regarder compulsivement son téléphone dans l’espoir d’un message ou d’un appel,
  • multiplier les contacts téléphoniques, même lorsque l’on se rejoint dans quelques heures,
  • ne pas s’imaginer avoir la moindre activité sociale (hors travail) sans l’autre,
  • ne plus exercer son rôle de parent de peur de ne plus être aimé par ses enfants,
  • faire tous ses choix de vie en fonction de son ou ses parents, au détriment de son épanouissement.

Ce besoin permanent d’attention et de présence de la part de l’autre est nocif, tant pour soi-même que pour la relation (couple ou personne proche). Pour pouvoir avoir des relations et des comportements plus sains, la clé réside dans une prise de conscience, un peu d’émancipation et un travail sur sa confiance en soi.

Même si, quand nous parlons d’insécurité affective, nous pensons en premier au couple, celle-ci existe également au niveau familial et il m’est arrivé de l’observer dans certaines amitiés. Pour cela, j’en parlerai en essayant de ne pas me limiter au couple.

La vulnérabilité qui nous caractérise.

De tous les mammifères, l’humain fait partie de ceux qui entrent dans la vie dans un état de prématurité (néoténie) incompatible avec son maintien : nous ne faisons pas partie des animaux qui marchent et s’alimentent dès leur naissance. De plus, le nourrisson humain est un de ceux qui prend le plus de temps avant d’acquérir une certaine autonomie.

Nous commençons donc tous notre vie par une phase de dépendance matérielle et affective. Durant cette phase, notre mère subvient à nos besoins primaires et nous apprend également à nous humaniser… Pour nous développer harmonieusement, nous comptons sur la disponibilité et la permanence dans le temps des personnes proches.

Les premiers mois, cette proximité doit impérativement être réelle et concrète. Ce n’est que progressivement que nous intériorisons cette proximité : pour apprendre à vivre la séparation, nous devons faire l’expérience que la séparation n’est pas irrémédiable et qu’elle ne se double pas d’un retrait d’amour définitif. C’est de cette manière que, petit à petit, nous apprenons à ressentir cette présence même quand elle n’est pas immédiate.

Si ce processus d’intériorisation ne se fait pas harmonieusement, il s’installe en nous un sentiment d’insécurité. Le risque, si nous ne sommes pas accompagnés dans ces moments d’insécurité, est que nous nous enfermions dans une position de victime et que nous répétions advitam les schémas de cette première insécurité.

Ce qui importait quand nous étions enfants n’est pas quantité des contacts avec nos proches, mais la qualité de la relation.

D’autres moments clés peuvent être source d’insécurité, comme un décès, un divorce ou un déménagement. Enfant, nous ne vivons pas toujours bien ces changements d’environnement, car nous n’avons pas encore la facilité de l’adulte à nous construire de nouveaux repères. Il faut que nos proches nous aident pour intégrer ces événements dans notre chemin de vie et pour trouver avec nous des réponses à nos questions. Il faut également qu’ils prennent le temps de nous créer de nouveaux repères, qui seront pour nous les garants de la stabilité et de la sécurité dont nous avons besoin.

Si, enfant, nous avons vécu un sentiment d’abandon, des expériences de rejet ou d’insécurité, nous pouvons devenir un adulte ressentant de l’insécurité affective. Nous risquons de recréer un lien infantile avec notre proche. Nous pourrions être amenés à croire que nous avons besoin de l’autre pour vivre, pour exister, pour penser même.

Même si nous sortons de l’enfance sans avoir ressenti l’insécurité affective, les moments de notre vie où nous sommes fragilisés peuvent également nous faire plonger. Un traumatisme, une séparation difficile, un deuil, ou même la vieillesse, peuvent être l’élément déclencheur.

Une relation qui s'essouffle.

La personne en dépendance affective va poser inlassablement la question « Est-ce que tu m’aimes ? » (sous cette forme ou sous une autre). Elle va aussi chercher les instants et les personnes qui valident son ressenti d’insécurité ! On peut lui répéter et lui démontrer inlassablement son amour, elle ne retiendra et ne prendra réellement en compte que les moments où cet amour n’est pas convaincant.

Son insécurité va également peser sur les moments de solitude. Ces moments sont pourtant nécessaires pour que l’un et l’autre puissent se ressourcer. La personne “insécure” va angoisser tandis que l’autre aura tendance à limiter ses contacts extérieurs. Et finalement, la relation respirera peu et se repliera sur elle-même.

Le besoin systématique d’attention du dépendant affectif est accaparant pour son proche. Celui-ci (ou celle-ci) veut l’aider, mais ne pourra pas combler ce vide, c’est non seulement impossible, mais aussi épuisant. De telles conditions favorisent la rupture… C’est dans bien des cas la première raison pour laquelle ces relations cessent. Et c’est ce que la personne souffrant de dépendance affective craint par-dessus tout.

homme qui doute et ressent de l'insécurité affective

Prendre conscience et faire face à l’angoisse

La première étape à franchir est de prendre conscience de cette dépendance ! C’est un cheminement qui peut être long et qui demande beaucoup de bienveillance, de patience, … Tant pour toi que pour ton entourage.

Il te faut ensuite accepter l’idée que tes craintes et que tes actes sont plus l’expression de tes peurs qu’une réaction proportionnée aux comportements de l’autre.

Ce que tu exprimes là est bien plus souvent un manque de confiance en toi qu’un manque de confiance en l’autre. Tu exprimes ta crainte qu’un événement passé puisse se reproduire. Bien sûr lorsque nous avons le sentiment d’avoir été trahi par quelqu’un, il est difficile de lui faire à nouveau confiance. Mais si la source de tes craintes remonte à l’enfance ou à une relation passée ?

Retrouver confiance en soi pour retrouver confiance dans la relation.

Le manque de confiance en soi est souvent la première source d’insécurité affective. C’est ce manque de confiance qui nous amène à penser que nous ne sommes pas à la hauteur des attentes de notre proche, que nous n’arriverons pas à faire durer la relation.

Et pourtant, si cette relation existe, c’est que l’autre se rend compte de ce que tu lui apportes et qu’il/elle tient à vivre cette relation !

Souvent, lorsque la dépendance affective agit au sein du couple, on entend cette phrase : « J’ai confiance en toi, ce sont les autres qui m’inquiètent. »

Mais ce manque de confiance n’est en réalité jamais tourné vers l’extérieur. Il s’agit toujours de la peur de ne pas suffire à l’autre. Et là, de deux choses l’une :

  • soit ton conjoint n’est réellement pas fiable et dans ce cas, tu dois te poser la question de savoir si il/elle te mérite.
  • soit ton conjoint s’épuise à essayer de te démontrer qu’il est fiable, et il finira par étouffer dans la relation. Il n’arrivera jamais à prouver sa fiabilité. Celle-ci n’est mise en doute que parce qu’au fond, ce dont tu doutes est ta propre valeur. Tu ne te crois pas assez aimable, dans le sens digne d’être aimé. Il n’y a rien de pire que de vivre avec quelqu’un qui se dévalorise sur ce point en permanence.

Comme l’enfant a appris que l’absence et la distance n’est ni définitive ni le signe d’un manque d’amour, tu vas devoir apprendre à laisser la relation respirer.

Si tu crains l’abandon, tu ne sais pas quoi faire pour lutter contre cette peur. Bien sûr, il n’est pas facile de relativiser quand l’angoisse monte, quand tes pensées sont focalisées sur son absence.

Commence par te concentrer sur ta respiration, veille à ce qu’elle soit profonde, calme, lente et régulière. Cela te permettra de commencer à relâcher la pression. Tu pourrais aussi partir marcher vingt minutes, faire une séance de méditation si c’est quelque chose que tu pratiques, prendre une douche en te concentrant sur le contact entre l’eau et ta peau, ou encore écouter une musique douce pour retrouver un peu de calme en toi.

Apprends à « accueillir » ta colère / peur / angoisse : prends quelques minutes pour l’examiner. Comment se manifeste-t-elle ? Que te pousse-t-elle à faire ? Est-ce que tes crises sont réellement justifiées ? Crois-tu arriver à faire perdurer la relation sainement en lui interdisant de voir sa famille, ses amis ou de passer du temps avec ses collègues après le travail ?

Répondre à ces quelques questions devrait t’aider à apaiser en partie ce sentiment.

Mais tu peux aussi chercher à en trouver la source. D’où te vient cette émotion ? Te souviens-tu de la première fois où tu l’as ressentie dans une situation similaire ? En trouver la source, même si le souvenir est vague, te permettra de commencer à scinder tes craintes de ton actualité.

Une fois que tu as trouvé la source de tes craintes tu peux par exemple décider d’utiliser la méthode Coué pour ancrer une/des pensée(s) valorisante(s) qui remplace(nt) le schéma de pensée qui s’est installé en toi à l’époque.

Et finalement, maintenant que tu sais que ton insécurité est un manque de confiance en toi, je t’invite à apprendre à te faire confiance et à développer ton estime de toi.

L’émancipation affective.

En période de dépendance émotionnelle, on a tendance à vouloir absolument compter sur son partenaire pour qu’il/elle nous rassure et qu’il/elle nous fasse de grandes déclarations d’amour.

Et malheureusement cela ne fera qu’amplifier le problème. Car plus il/elle te rassurera et plus tu seras en demande.

Le meilleur moyen pour avoir des relations familiales et affectives saines est d’apprendre à être émancipé sur le plan affectif. Ne faisons pas l’amalgame, quand je parle d’être affectivement émancipé, je ne parle pas d’être en autarcie affective et donc isolé. Je te parle plutôt de te libérer de la dépendance affective, de trouver un juste équilibre relationnel. Pour être réellement heureux(se) à deux, il faut commencer par apprendre à l’être en étant seul(e) .

Quel est ton niveau d'estime ?

Tu désires connaitre ton niveau d'estime personnelle ?
Fais le quiz.

Ainsi, ton objectif pour les jours à venir est de t’éloigner un petit peu de ton partenaire et d’avoir des activités de ton côté. Mais également de ne pas l’inonder de messages ou de ne pas l’étouffer avec tes demandes.

Renoue et renforce les relations avec tes amis et ta famille. Cela te permettra de te réapproprier le fait que tout ne tourne pas autour d’une seule relation.

Prends du temps pour toi, renoue avec tes centres d’intérêts et tes loisirs. N’hésite pas à en découvrir de nouveaux. Les activités manuelles, artistiques ou sportives, te permettent de prendre confiance en toi.

Pendant quelque temps, tu peux décider de réaliser un challenge par jour. Chaque jour, réalise une action qui te permet de te concentrer uniquement sur toi ! Note-la bien par écrit pour suivre tes engagements et tes résultats.

Ne baisse pas les bras, même si tu ressens des difficultés. Avance à ton rythme, prends le temps qu’il te faut.

L’échec ce n’est pas d’avancer trop doucement, c’est de laisser tomber.

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