Sommes-nous seuls face à la solitude ?
Dans notre société, rester seul et en être heureux, ce n’est pas la norme. On associe la solitude à l’isolement, à la séparation, à l’abandon et au deuil. On l’associe donc à une forme de détresse. Dans la pensée commune, la solitude est source de nombreux maux. Elle fait peur.
Mais qu’est-ce que la solitude ? Quelle est sa fonction dans notre développement ? Peut-on souffrir de solitude tout en étant très entouré ? Sommes-nous destinés à être seuls en toutes circonstances ? Choisit-on la solitude ou est-ce elle qui nous choisit ?
Être seul, se sentir seul, solitude ou isolement ?
Être seul et se sentir seul sont deux choses qui n’ont pas de corrélation directe. Ce n’est pas parce que l’on est seul que l’on se sent seul et coupé du monde. Tout comme être entouré et aimé ne nous préserve pas du sentiment de solitude.
Étymologiquement, la solitude désigne de manière neutre le fait d’être seul. Le sentiment de solitude, quant à lui, y ajoute une notion de souffrance. La notion de subir cet isolement.
Se sentir seul au milieu de ses proches.
Paradoxalement, nous n’éprouvons jamais autant le sentiment de solitude que lorsque nous sommes entourés. L’expérience de la solitude peut surgir en famille, dans le couple, au sein d’un groupe ou au milieu d’une foule anonyme. C’est un sentiment étrange que de se sentir seul(e) alors que les autres sont à portée de main.
Ils discutent, rient, semblent si bien s’entendre. Et nous ressentons une forme de vide. Sans réelle cause, une vague tristesse nous serre le cœur. Leurs sujets de discussions et leurs centres d’intérêt semblent si éloignés des nôtres.
Nous nous percevons comme tellement différents des autres. À la fois proches et pourtant si loin. Quand nous ressentons la distance qui nous sépare d’eux, c’est comme si une cloison de verre nous tenait à l’écart.
Et, au milieu de la foule, notre sentiment de solitude nous fait percevoir les autres comme une unité soudée dont nous ne faisons pas partie.
« Les moments de solitude les plus déconcertants sont sans doute ceux où ce sentiment monte du fond de nous, alors qu’en apparence, on est entouré et aimé… » - Christophe André
Seul(e) face à Internet.
L’autre moment où le sentiment de solitude est bien palpable, c’est lorsque nous nous confrontons aux réseaux sociaux.
Nous avons sous la main de formidables outils de communication : les mails, les messageries instantanées, les réseaux sociaux, les forums, chats et jeux en réseaux nous permettent de virtuellement tenir la main d’une personne à l’autre bout du monde. Et pourtant cela ne suffit pas à combler certains manques.
Si ces technologies n’en créent pas de nouveaux… Car ces nouveaux outils renforcent notre conscience de la solitude. Ils créent un contraste entre la facilité apparente de créer le contact virtuel et notre difficulté à réellement nourrir la relation, à sentir le lien qui nous unit.
Être en ligne, c’est souvent ressentir de la tristesse et de la déception. C’est avoir le sentiment de multiplier les dialogues de sourds. C’est aussi ressentir les frustrations et la colère des autres. Car Internet est à nos yeux un chaos joyeusement désorganisé, un lieu où nous crions sans cesse, mais où personne ne nous écoute vraiment.
Volontairement ou non, les plateformes et réseaux en ligne sont construits de telle manière qu’ils favorisent le conflit, les incohérences, les désinformations et beaucoup de formes d’abus.
Pourtant, comme tant d’autres, je suis toujours attiré par ces espaces en ligne. Tout le monde semble y être… L’image que nous y donnons de nous-même a l’air si idéale.
Ce que nous postons sur les réseaux est à mi-chemin entre la rédaction de notre journal intime, persuadés que de toute façon personne ne le lira jamais, et l’annonce officielle de nos petits évènements que nous voudrions coller sous le nez de toutes nos connaissances.
Personnellement, le sentiment de solitude est quelque chose que j’ai toujours connu. Probablement comme la majorité d’entre nous. Mais je vivais à la fois mieux et moins bien ma solitude à une époque où je n’étais pas aussi connecté. À une époque où Internet n’était qu’à ses balbutiements et où les téléphones portables étaient réservés à une “élite professionnelle”.
- Moins bien parce que j’étais bien plus jeune et que la maturité acquise depuis me permet de relativiser différemment.
- Mieux parce que les moments d’introspection à cette époque n’étaient pas entrecoupés de distractions technologiques. Un peu malgré moi, je me retrouve à scroller sur les réseaux sociaux pour combler cette absence et ce vide par une « conduite d’évitement ».
Les nouvelles technologies et les idéaux de sociabilité qu’elles véhiculent dévalorisent les moments que nous pourrions passer avec nous-même. Elles remplacent ces moments d’introspection par du divertissement et des connexions désynchronisées. Paradoxalement cela ne fait que mettre en exergue notre situation “solitaire “.
Seul(e) avec soi-même.
Si nous définissons la solitude à partir de notre rapport à l’autre et à sa possible absence, c’est parce que, à une époque lointaine, l’appartenance à un groupe ou à un clan augmentait considérablement nos chances de survie.
Pourtant, le sentiment de solitude est inhérent à notre nature humaine. Car si la solitude exprime l’absence de l’autre, elle exprime d’abord et surtout notre existence propre. Car être seul, c’est aussi se retrouver face à soi-même et face à nos questions existentielles.
Même dans le groupe, nous percevons notre vécu de façon singulière, séparée. Nous percevons le monde de notre point de vue et notre perception du monde est unique. Jamais nous ne trouverons des mots assez précis et assez complets pour partager entièrement cette perception.
Notre singularité et notre incapacité à percevoir pleinement la singularité des autres font que, fondamentalement, nous sommes seuls. Seuls avec nos attentes et nos rêves. Seuls face à cette image idéalisée de la fusion avec les autres. Seuls face à des échanges que nous jugeons imparfaits ou insuffisants.
« Pour certains, la solitude est insupportable, car ils doivent faire face à leur propre compagnie. » - Gilberto Araújo de Alcântara.
La solitude comme bouclier.
Nous ne gérons pas la solitude de la même manière si celle-ci est volontaire ou si nous la subissons.
Lorsque la solitude est subie, elle est destructrice. La solitude s’accompagne alors de tristesse, d’incompréhension, de dévalorisation personnelle et de sentiment d’abandon ou de rejet.
Et paradoxalement, lorsque la solitude est subie trop longtemps, nous nous mettons à la rechercher. La solitude est alors à la fois perçue comme une punition et comme un bouclier. Parce qu’elle nous protège du monde, en limitant les interactions sociales compliquées. Parce qu’elle fait partie de notre décor, de notre zone de confort. Parce que quitte à devoir la vivre, autant avoir le sentiment de la contrôler, du moins partiellement.
C’est alors un cercle vicieux, nous sourions moins, nous sommes plus susceptibles, nous refusons de composer avec notre environnement, nous nous montrons agressifs. Les autres prennent de la distance pour se protéger et nous le prenons pour du rejet. Et cela renforce à la fois notre sentiment de solitude et notre appréhension à aller vers les autres.
Percevoir la solitude autrement ?
Source d’angoisse pour certains, la solitude est pour d’autres un refuge, un lieu de ressourcement.
Pour ces derniers, la solitude est un lieu où nous apprenons à nous comprendre, à exister en bonne intelligence avec nous-mêmes. Et lorsque nous l’avons expérimenté de la sorte, la solitude devient un moment nécessaire, une hygiène de l’esprit, un sanctuaire dans lequel notre conscience discute avec elle-même.
Après avoir passé du temps entouré de ses proches, il est tout à fait normal de ressentir le besoin d’être seul pour se retrouver avec soi-même.
C’est lorsque nous sommes seuls que nous pouvons faire le point sur nos talents, nos qualités et nos émotions. Alors, nous pouvons réfléchir à qui l’on est, qui on souhaite devenir, se remémorer le chemin parcouru et construire son identité. C’est également le bon moment pour faire tomber le masque porté en société.
« Mais la solitude n’est pas qu’une souffrance, elle est aussi une voie d’accès à la vie intérieure et à la connaissance de soi. Elle est une occasion de se rendre soi-même visite, en suspendant actions ou distractions. » - Christophe André
La solitude prend une place prépondérante dans notre processus de construction. Car elle nous met en contact direct avec nous-mêmes et nous offre un accès privilégié à notre richesse intérieure.
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Nous percevons que la solitude est le meilleur moyen de se trouver. Soi ! Pleinement soi ! Et seul avec soi, nous nous détachons de ce sentiment d’isolement pour nous connecter avec notre essence et avec le monde qui nous entoure.
« On ne peut être soi qu’aussi longtemps qu’on est seul. Qui n’aime pas la solitude n’aime pas la liberté. Chacun fuira, supportera ou chérira la solitude en proportion exacte de la valeur de son propre moi. » - Arthur Schopenhauer
Conclusion
Quoique nous fassions, nous ne sommes qu’un, unique et singulier. Au milieu de la foule ou au milieu du désert, il faut faire la distinction entre « Je suis seul » et « Je me sens seul ». Tout est question de ressenti et de désir de solitude.
La solitude, lorsqu’elle est choisie, est source d’épanouissement personnel, de créativité et d’enrichissement. Elle nous permet de réévaluer notre rapport au monde, notre rapport à notre nature.
De manière surprenante, c’est dans les moments solitaires que je me sens le plus en connexion.
« J’apprécie la solitude, elle est essentielle à mon bien-être. Cette bulle protectrice, m’apaise et me permet de laisser s’évaporer dans les airs, le trop-plein d’énergie. Mon âme y est alors ressourcée et peut propager tout autour d’elle, cette tendresse et cet amour, dont le monde a tant besoin. » - Joëlle Laurencin
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