
Les réseaux sociaux et la confiance en soi.
Les réseaux sociaux influencent de plus en plus nos vies. Aujourd’hui, un peu plus de 45 % de la population mondiale y serait active. Souvent, on entend parler des effets négatifs des réseaux sociaux sur notre estime de soi, sur la qualité de nos relations humaines, etc.
Pourquoi les réseaux sociaux nous fascinent ? Pourquoi cédons-nous à la pression sociale liée à ces outils ? Pourquoi passons-nous tant de temps dessus ? Quelle influence ont-ils sur notre estime ? Est-il possible d’allier confiance en soi et présence active sur les réseaux sociaux ?
Les réseaux sociaux ont des objectifs qui ne sont pas toujours compatibles avec notre développement personnel et interpersonnel.
Est-il déjà arrivé que tu te connectes et que tu navigues sur ces plateformes un peu par réflexe, sans que cela soit pleinement volontaire ? Après avoir scrollé quelque temps, t’es-tu déjà senti vaseux ? As-tu eu l’impression de ne pas être capable de faire les bons choix ou de ne pas être assez bien ?
Sais-tu que c’est ce que recherchent les développeurs de ces plateformes ? Les réseaux sociaux exploitent 5 biais cognitifs pour que nous y passions un maximum de temps. De cette manière, ils peuvent récolter un certain nombre de données personnelles. Et, c’est sur base de ces données qu’ils proposent à leurs annonceurs des campagnes bien plus ciblées que les chaînes de télévision. Malheureusement, la manière dont ils s’appuient sur ces ressorts psychologiques ne nous aide pas à progresser et à aller de l’avant.
Utiliser nos comportements en tant qu’ « animal social » pour mieux vendre.
En tant que « créatures sociales », nous avons tous ce besoin vital de nouer des liens sociaux, d’exprimer notre sociabilité. Cela remonte à une époque où nous avions besoin de nous associer pour survivre, pour nous défendre, pour nous nourrir. Nous avions besoin d’être accepté et reconnu par le groupe pour assurer notre sécurité primaire.
C’est de ce besoin primaire que découle notre besoin d’interactions sociales et de reconnaissance. Celui-ci nous a amené à développer la capacité d’imaginer les pensées, les sentiments et les motivations des autres… C’est aussi ce qui te pousse à parler avec les autres pour être reconnu dans tes propos et pour être récompensé par un regard, un sourire ou un compliment.
En substituant aux relations interpersonnelles directes l’attribution de « likes » ou la publication de commentaires, les réseaux sociaux reproduisent ces interactions sociales dont notre cerveau raffole. C’est de cette manière que notre intérêt est éveillé. Et c’est quand nous sommes captivés par ce qu’il se passe sur leur interface qu’ils génèrent de quoi être rémunérés.
Les réseaux sociaux fonctionnent sur un modèle économique proche des chaînes de télévision. Lorsqu’il était président-directeur général du groupe TF1, Patrick Le Lay disait en 2004 : « Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible » Ces mots pourraient être repris mot pour mot par Mark Zuckerberg, Vanessa Pappas (Tik Tok), Susan Diane Wojcicki (Youtube) ou Ma Huateng (WeChat).
Les « likes » et autres gratifications immédiates flattent ton système limbique.
Les réseaux sociaux te bombardent autant que possible de petites gratifications stimulant les circuits neuronaux de la récompense. Que ce soient les décomptes des « likes », les compteurs de partages ou de commentaires, les swipes ou même le scroll ; ce sont autant de gratifications, perceptibles ou imperceptibles. À chaque nouvelle gratification, le circuit de la récompense libère un peu de dopamine.

La fonction de base de la dopamine est de motiver des comportements indispensables à notre survie, comme la chasse, la cueillette et la procréation. Mais la dopamine est également produite à chaque fois que nous rencontrons un événement inattendu et plaisant. C’est sur ce mécanisme que les réseaux sociaux et les jeux se basent pour t’inciter à prolonger leur utilisation.
Sur ce point, les réseaux sociaux utilisent les mêmes leviers que les machines à sous pour te prédisposer à continuer de « jouer ». Comme une grande partie des gratifications ne semblent pas prévisibles et qu’elles ne semblent pas demander d’efforts prolongés pour les recevoir, cela te pousse à persévérer, à répéter l’action en cours. Et la répétition de ces petites doses de dopamine à moindre effort a un effet addictif.
L’infinite scroll et l’enchaînement automatique crée un sentiment de continuité.
Netflix lance automatiquement l’épisode suivant d’une série, YouTube enchaîne sur une vidéo en rapport avec celle que tu regardais, ton fil d’actualité continue à te proposer du contenu au fur et à mesure que tu scrolles et le site de vente en ligne te fait des suggestions d’achat en fonction d'articles que tu regardes. Dans tous les cas, ils utilisent un phénomène d’immersion, ils engagent ton cerveau dans une continuité narrative ou émotionnelle. C’est pour les mêmes raisons qu’à la télé, les publicités sont bien plus courtes entre deux épisodes d’une même série que les coupures publicitaires durant l’épisode.
Cela t’incite à consommer plus, à binge watcher, à scroller encore et encore…
Les notifications qui sur-stimulent tes cortex sensoriels.
Les notifications se basent sur le fait que notre cerveau est hypersensible au moindre bruit et au moindre mouvement pouvant nous signaler l’approche d’un prédateur ou d’une menace. En combinant les signaux visuels, pop-ups, alertes sonores et vibrations, elles mobilisent ta vue, ton ouïe et ton toucher comme déclencheurs d’attention.
La manière dont ces stimuli te sont présentés s’appuie sur des millénaires d’évolution humaine durant lesquels notre survie dépendait de notre capacité à être alerté par les premiers signes de danger.
Durant ces millénaires, notre cerveau a évolué dans des environnements très pauvres en informations (comparativement à ce que nous rencontrons actuellement). Ces stimuli sont devenus omniprésents, nos cerveaux doivent gérer bien plus d’informations que jamais auparavant.
Ils sont tellement irrésistibles qu’ils sont susceptibles de prendre le pas sur des alertes plus importantes. Ils s’appuient sur le manque de capacité de notre cerveau à prêter attention à plus d’une chose à la fois. Lors de chacune de leurs intrusions, ils te poussent à te détourner de la tâche en cours, ils accaparent ton attention.
Le phénomène « FOMO » qui agite ton amygdale
Nous sommes tous plus ou moins réceptifs à ce phénomène : la peur d’avoir raté quelque chose ( Fear Of Missing Out). Il y a longtemps que les commerciaux connaissent et utilisent ce ressort psychologique ( « Plus qu’un article en stock ! » / « Cette offre expire bientôt ! » / « Un autre internaute s’intéresse en ce moment à ce produit ! » ).
Les réseaux utilisent ce levier de manière évidente avec les stories et leurs publications éphémères. Mais le levier est également utilisé par l’algorithme qui décide quelles publications te présenter et quand le faire. En nous donnant l’impression que l’affichage de ces publications est aléatoire, ils jouent avec notre angoisse de passer à côté d’une information capitale ou d’un moment important.
Les réseaux sociaux, un danger ?
Dans cet article, je n’enchérirai pas sur les discours prédisant ou affirmant que l’addiction aux écrans peut ravager nos cerveaux (chez les plus jeunes ?) ou créer un effet de dépendance irréversible. Actuellement, je n’ai pas trouvé d’étude scientifique sérieuse qui ait pu relever des dégâts cognitifs permanents liés à un usage excessif des réseaux sociaux.
Cela n’exclut pas la possibilité de tels effets, mais rien ne me permet actuellement de me positionner pour ou contre ces arguments.
Par contre, les réseaux sociaux peuvent effectivement avoir un impact négatif à court terme sur ton estime personnelle. Mais tu peux apprendre à les utiliser pour développer ton estime et ta confiance en toi.
Comment se préserver tout en étant actif sur les réseaux ?
Une des premières choses à se dire pour arriver à se préserver est que : la popularité n’est pas, à elle seule, génératrice de bonheur. Contrairement à ce que l’évolution des médias et de notre société cherche à nous faire croire, la popularité ne sert que d’amplificateur.
Ce qui te donne confiance, c’est d’aimer ce que tu es et ce que tu as sans te comparer aux autres. Tu trouveras toujours plus riche, plus beau ou plus populaire que toi. Ton estime de toi et ta confiance viennent de l’image que tu as de toi-même, en tant que personne.
Cette image vient de ta personnalité, de tes forces et de tes faiblesses, de ta motivation et de ta détermination, mais aussi de ton sens de l’humour, de ton empathie et de ta créativité…. Que tu aies une estime forte ou faible, le fait d’y ajouter une dose de popularité va juste amplifier cette force ou cette faiblesse.
Le nombre de likes ou le nombre de followers ne sont ni un indicateur de ta valeur, ni source de bonheur. D’abord, parce que les likes et autres gratifications virtuelles sont des shoots de dopamine de mauvaise qualité. À chaque fois, notre ego est boosté un peu, c’est vrai…
Mais cela s’estompe bien vite. Et on est tenté de renouveler l’expérience. On part à la conquête du like. Plus on poste, plus on cherche la reconnaissance, et plus s’installe un manque de confiance en soi.
Pour bien vivre son activité sur les réseaux sociaux, il faut arriver à filtrer les retours que l’on reçoit. Quelle est la valeur d’un like ou d’un follower comparativement à un commentaire étayé et constructif ? Quelle est la valeur d’une réaction virtuelle venant d’une personne quasi inconnue comparativement à celle venant de quelqu’un dont tu es certain de sa sincérité ?
N’oublie pas que tu n’es pas le seul à ne pas voyager en permanence, à ne pas faire la fête tous les week-ends.
Premièrement, parce que nous filtrons tous ce que nous publions pour ne laisser entrevoir que nos bons côtés. Ensuite parce que nous sommes tous tentés de nous abonner à des personnes dont c’est le fond de commerce de nous faire rêver avec leurs voyages / abdos / voitures / make-ups. Mais que savons-nous d’elles en dehors de ce qu’elles ont choisi de partager ? Que sacrifient-elles pour publier ces choses ? Quel temps y consacrent-elles ? Etc.
Que ce soit une de tes connaissances qui voyage beaucoup ou un influenceur sponsorisé pour te faire rêver, tous deux font des choix. Des choix de vie, de dépenses, de relations mises de côté…, tous ces choix et parfois ces sacrifices ne sont pas souvent partagés. Accepterais-tu de faire les mêmes choix pour afficher ce genre de stories ?
Tant pour tes connaissances que pour les influenceurs, il existe des paramètres qui filtrent le contenu en fonction de ce que tu désires voir sur les réseaux. Il est parfaitement possible de rester « amis » avec quelqu’un sur Facebook et de ne voir pour ainsi dire aucune de ses publications. Quels sont les contenus que tu as réellement envie de voir ? Te font-ils du bien ?
Ensuite, tu peux choisir ce qui a droit de cité sur les réseaux sociaux et paramétrer ce que tes contacts et les autres ont le droit de voir. Mais aussi ce que tes contacts ont le droit de publier à ton sujet. Considère les réseaux sociaux comme une carte de visite. Que veux-tu écrire sur ta carte de visite ? Fais en sorte que celle-ci soit cohérente avec tes objectifs de vie.
Quel est ton niveau d'estime ?
Tu désires connaitre ton niveau d'estime personnelle ?
Fais le quiz.
Ne laisse pas les réseaux sociaux t’écarter de la vie que tu veux mener. Il est important d’éviter de tomber dans des réflexes et autres comportements « automatiques » vis-à-vis du numérique, qui peuvent te détourner de tes véritables enjeux et objectifs. Pour cela, tu peux décider de réduire le nombre de notifications que ces applications émettent. Tu peux aussi choisir les paramètres sonores, visuels et vibratoires de ces notifications pour qu’elles soient moins envahissantes dans ton quotidien.
Et finalement, quel est ton rapport avec ces réseaux ? Tes connexions, tes scrolls, tes swipes tiennent-ils de l’automatisme ou de l’intentionnel ? Mets-tu des limites au temps que tu passes dessus ?
Certaines applications peuvent également t’aider à limiter la portée des ressorts psychologiques qu’ils utilisent :
- Facebook Demetricator qui supprime des pages Facebook toutes les indications chiffrées (nombre de « likes », nombre d’amis…)
- Twitter Demetricator, Instagram Demetricator, même principe, et même développeur que le précédent.
- Little Voices (iOS) qui expurge Twitter de la plupart de ses pièges attentionnels (images, liens…)
- les fonctions temps d’écran sur iOS et Android qui permettent de se rendre compte du temps que nous passons sur nos smartphones (avec des stats par application.)
- des applications de déconnexion telles OFFTIME ou Flipd (à télécharger sur l’Apple Store ou Google Play). Elles proposent un mode de verrouillage qui masque les applications ou jeux sélectionnés, tout en laissant la possibilité d’utiliser le reste du téléphone.
Utiliser les réseaux pour développer sa confiance ?
Pour terminer, il y a moyen d’utiliser les réseaux sociaux pour développer sa confiance en soi et son estime personnelle. Comment ? En partageant du contenu…
Que ce soit des textes, des podcasts, des vidéos, des dessins ou des chansons… Les personnes qui arrivent à gagner en confiance et en estime sont celles qui utilisent les réseaux sociaux comme une carte de visite pour une de leurs activités (lucratives ou non). Ce ne sont pas les réseaux sociaux qui te permettent de travailler sur ton estime personnelle, mais le fait de partager du contenu. Tu pourrais le faire de diverses manières, les réseaux sont juste un outil assez pratique pour le partage.
Même si le fait de partager du contenu peut être perçu comme une arme à double tranchant, la toute grande majorité des personnes qui passent le pas et qui persévèrent dans leur démarche en retirent beaucoup de bénéfices. Le fait d’être capable de prendre de la distance par rapport aux réactions et avis négatifs est une aptitude clé dans ce type de parcours.
Conclusion
La majorité d’entre nous utilise les réseaux sociaux pour se divertir, pour rester en contact avec ses connaissances et pour suivre l’un ou l’autre influenceur. Dans ce cas, il faut juste apprendre à ne pas se laisser piéger par les mécanismes psychologiques mis en place. Tu es libre de créer du contenu à partager sur les réseaux ou non, ce n’est pas la seule manière de gagner en confiance. Je continuerai à partager avec toi mes astuces à ce sujet.
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