L'apparence, est-ce si important ?

C’est injuste, la beauté crée des inégalités ! Nous sommes nés dans une société d’image, une société qui met une forte pression sur notre rapport à l’apparence. Et quoi que l’on en dise, l’image que nous présentons aux autres influence fortement nos perspectives sur le marché du travail ou sur celui de l’amour.

Avoir un physique avenant serait une garantie de succès. Mais qu’en est-il vraiment ? Quelle est la place de la beauté dans notre société ? Trouvons-nous quelqu’un beau (ou laid) uniquement sur base de notre instinct ou de nos goûts personnels ? Y a-t-il d’autres éléments externes qui « dirigent » nos opinions et qui influencent nos perceptions ? La publicité et notre culture sont-elles responsables de ces inégalités ?

Je me suis intéressé à ce sujet pas si futile et, je te propose de faire le point.

 

La presse, les pubs, Photoshop et les réseaux sociaux.

Ce n’est plus un secret, l’univers de la mode, des médias et du luxe nous propose une image de beauté parfaite et idéale. Mais surtout, un modèle quasiment inaccessible. À cela, s’ajoute, ces dernières années, la pression des réseaux sociaux.

Notre monde moderne nous bombarde d’images photoshopées, de selfies moulinés par « LE » filtre à la mode, et de feeds d’influenceuses/infuenceurs. Tout cela ne nous aide pas à nous sentir bien dans notre peau. Cela nous force à croire que, contrairement à tous les autres, nous ne rentrons pas dans la norme, nous ne remplissons pas tous les critères physiques pour avoir une vie heureuse.

Les technologies ont tellement évolué que le moindre gadget à écran dans notre poche nous permet de tricher avec la réalité. Et, comme les autres le font, nous sommes incités à faire de même.

Nous expérimentons alors un des effets pervers des filtres photo : autant, il met en valeur l’autre, celui ou celle que nous ne connaissons pas vraiment, autant, il mine notre confiance en nous. Car il n’y a pas de filtre sur le miroir de notre salle de bain ou sur celui de la cabine d’essayage.

Selon les enquêtes, 75 % des filles se sentent déprimées après avoir regardé un magazine de mode ! Et les garçons ne sont pas aussi épargnés qu’on se l’imagine. Depuis moins longtemps que les femmes, les hommes parlent de leurs préoccupations corporelles et de la pression ressentie à l’exposition aux médias. Cela est dû, en grande partie, à la manière dont nous sommes éduqués (« Tu dois être fort ! », « Se soucier de son apparence est une marque de féminité. »).

L’évolution rapide des médias est d’autant plus dommageable que notre éducation à leur lecture est à la traîne. Nous n’avons pas appris à prendre du recul face à ces images. Et même quand on nous y incite, cela ne compense pas les effets négatifs des photos retouchées sur notre esprit.

En 2011, une étude d’Adilson Borges portait sur “Les effets des modèles retouchés par ordinateur sur l’évaluation du produit et sur l’estime de soi des jeunes filles”. Dans cette étude, on présentait à des jeunes filles trois publicités pour un parfum. La première avec la photo d’une jeune femme non retouchée, les deux suivantes avec cette même photo retouchée sur Photoshop, la dernière portant la mention bien visible que la photo était retouchée.

Le résultat de cette enquête dit ceci : si les deux photos retouchées augmentent de 30 % l’intention d’acheter le produit, elles font immédiatement baisser l’estime de soi des jeunes filles. La présence du message sur la troisième photo ne change rien.

Doit-on pour autant rejeter entièrement la faute des inégalités relatives au physique sur les médias et notre société de consommation ? Est-ce un phénomène purement moderne ? N’est-ce pas simpliste de penser de la sorte ? Doit-on leur reprocher de faire ce pour quoi ils sont payés : nous inciter à acheter plus ?

Dans la publicité, je remarque une évolution positive des images présentées. Ceci étant fortement lié à la portée grandissante des mouvements #Bodypositive et #Bodyneutrality. C’est un pas dans la bonne direction… Même s’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir.

Une problématique bien plus générale.

Notre rapport à la beauté et les inégalités que cela engendre découlent de choses bien plus ancrées dans notre nature.

Scania de Schonen, psychologue et directrice de recherche au CNRS, a démontré que la beauté nous influence dès le plus jeune âge. Devant les yeux de nourrissons, elle a fait défiler une série de photos de visages féminins. Elle a constaté : « Dès trois jours, les bébés fixent plus longtemps les jolis visages que les autres. »

Mais cela marche aussi dans l’autre sens. Selon Marilou Bruchon-Schweitzer, professeur de psychologie à l’université de Bordeaux et auteur de plusieurs livres sur le sujet, « La mère joue davantage avec un beau bébé et le regarde plus. Un bébé « moche » recevra moins d’attention. C’est patent à la crèche : les puéricultrices passent toujours plus de temps avec les beaux enfants qui, plus tard, sont les plus populaires à la maternelle. »

À l’école aussi, comme l’ont démontré en 1974 David Landy et Harold Sigall, la bienveillance des enseignants se concentre plus souvent en faveur des élèves beaux. Sans même s’en rendre compte, les enseignants vivent l’effet pygmalion : un enfant beau suscite plus d’attentes positives et bénéficie donc d’un climat plus stimulant. Depuis, ce sont des centaines d’études qui se sont penchées sur le sujet. Dans toutes ces études, les beaux sont considérés comme plus brillants et ils obtiennent de meilleurs résultats, de meilleures perspectives d’avenir.

Et cela continue à l’université, dans le monde du travail. Dans tous les métiers dits « de contact » avec le public - commerciaux, assistantes, HoReCa etc. - on préfère les beaux et on écarte les candidats qui ne correspondent pas aux standards. Même les beaux comptables, les beaux médecins, dentistes, avocats ou même les beaux politiciens sont préférés à ceux moins avantagés par la nature.

Malgré tout, dans le monde du travail, il arrive qu’être beau soit un handicap. Ce phénomène touche uniquement les femmes. Pour tous les postes d’encadrement et de pouvoir, être belle peut être un frein à l’embauche. Le premier a priori dont elles seront victimes est : si elles sont belles (et donc fragiles), elles n’auront pas la trempe pour se faire respecter. Ensuite, être belle à un poste envié va immanquablement faire supposer une promotion canapé. Dans ce cas, la beauté efface le mérite.

Même les spécialistes du recrutement, généralement psychologues de formation, sont influencés par le physique du candidat ou de la candidate. Et, sans en être conscient, il leur arrive régulièrement de commettre de petites injustices.

En parlant d’injustice, les cours de justice sont sensibles aux préjugés liés au physique. Diverses études le prouvent : à délit égal, les vilains sont jugés plus sévèrement que les beaux. À Boston, Leslie Zebrowitz, professeur de psychologie, a comparé les sentences avec les visages des accusés. Ceux que l’on pourrait qualifier de « gueules d’anges » (traits fins, voire enfantins) obtenaient plus souvent l’indulgence que les autres.

Ce n’est pas un phénomène nouveau, contrairement à ce que l’on lit trop souvent dans les plaidoyers contre la discrimination sur l’apparence. Cela remonte à la nuit des temps. Aristote disait déjà : « La beauté est un appui préférable à toutes les lettres de recommandation. »

Ce serait même ancré dans nos gènes. Tout comme nous, les oiseaux et les mammifères ont une prédilection pour les faces symétriques. Tout comme nous, ils choisissent leurs partenaires sur bases de critères visuels qui sont gages de fertilité et de bonne santé.

« Tout le monde sait que la beauté est belle, voilà à quoi tient sa laideur » - Lao-Tseu

C’est une injustice, je le disais dans mon introduction. Mais cette injustice nous la commettons tous… Moi y compris… Parce que, quoi que je puisse en penser, quelle que soit l’attention que je puisse porter à ne pas faire de différence, je suis influencé par ce que je vois et ma perception du beau…

Honnêtement, si dans une vitrine, tu vois deux gâteaux préparés avec exactement les mêmes ingrédients, mais l’un fait par un maître artisan et l’autre par un élève en première année de pâtisserie… Lequel vas-tu choisir ? Et si je remplaçais les pâtisseries par des prétendant(e)s ?

Un seul diktat ?

Parfois, quand j’entends les plaidoyers contre ce culte de la beauté, j’entends la réflexion que cela nous pousse à un idéal standardisé et uniformisé.

Pourtant, en fonction de la région du monde où tu es né, cet idéal ne sera pas le même. Par exemple, aux États-Unis, avoir des fesses bien rebondies est devenu un must. Dans plusieurs pays d’Afrique, avoir des courbes très généreuses est le summum de la beauté, puisqu’une femme ronde représente la santé et la fertilité. En Corée, en Chine et au Japon, l’idéal de beauté est le suivant : plutôt mince et filiforme et, surtout, absolument pas bronzé.

Adolescent, j’étais plus mince (trop) et plus grand (trop) que la moyenne. Mes condisciples trouvaient également que j’étais trop pâle… Si j’étais né en Asie plutôt qu’en Europe, ces mêmes caractéristiques auraient été des atouts et non des sujets de moquerie et de rejet.

« Demandez à un crapaud ce que c’est que la beauté : il vous répondra que c’est sa crapaude avec deux gros yeux ronds sortant de sa petite tête… Interrogez le diable, il vous dira que le beau est une paire de cornes, quatre griffes et une queue. » - Voltaire

Et toi dans tout cela ?

Il n’y a pas de doute sur le fait qu’être beau apporte des avantages. J’aurais pu essayer de te montrer que la beauté a peu de poids dans notre vie. J’aurais pu te dire qu’elle n’a aucune importance. Je ne serais probablement pas arrivé à t’en convaincre.

« La beauté est relative. Le plaisir, la joie, ou la douleur même illumine le visage et lui donne un genre de beauté qui vient de l’intérieur. » - Mireille Maurice

Mais qu’est-ce que la beauté ?

Tu ne te trouves pas beau, pas belle, pas assez mince, pas assez musclé, etc. ?

La première façon d’échapper à ces autocritiques dévalorisantes est de te distancier de ces images « idéales » sur écran ou sur papier glacé. Ces images sont totalement irréelles. Si tu te compares à elles, tu ne pourras pas accepter ton corps, personne ne le peut.

Quel est ton niveau d'estime ?

Tu désires connaitre ton niveau d'estime personnelle ?
Fais le quiz.

Être beau et se sentir beau sont deux choses bien différentes. Une personne belle peut se trouver laide, tout comme une personne laide peut se trouver belle. Tout est question d’estime personnelle et de culture.

Comment se fait-il que certaines personnes, que l’on ne classerait pas parmi les beaux ont malgré tout du succès ? Prends l’exemple de Serge Gainsbourg… Même sur ses photos de jeunesse, il ne correspond pas à l’idéal masculin. Pourtant, il a séduit Brigitte Bardot, Jane Birkin, Bambou, …

Plus que la beauté, ce qui marche, en amour comme en affaires, c’est le charisme.

Le charisme, c’est oser aller vers les autres, avoir le bon langage non-verbal et le bon langage para-verbal (l’intonation et le rythme vocal). C’est être à l’écoute, être attentif aux autres. C’est savoir les mettre à l’aise. C’est aussi être cohérent avec soi-même et avec sa personnalité. Et bien plus encore.

Toutes ces choses, j’en parle lors des séminaires « moment confiance. » Le but étant que tu trouves une manière d’être toi, pleinement toi, en présence des autres. Mais aussi de d’améliorer ton rapport vis-à-vis de ton corps et d’affiner tes communications non-verbales, verbales et para-verbales.

Conclusion.

Dans un monde idéal, nous ne nous jugerions pas sur base notre physique et nous ne hiérarchiserions pas les autres sur base de leur apparence.

Mais l’apparence, a toujours pris et prendra toujours une place particulière dans nos vies. On peut pester contre, on peut vouloir le nier, on peut vouloir s’en défendre. Mais elle nous influencera toujours.

Que tu apprécies ton physique ou non, prendre soin de ton apparence te sera toujours profitable. Quelques changements dans tes choix vestimentaires (lien article sur les vêtements.) peuvent modifier la manière dont tu te sens, et donc la manière dont les autres te perçoivent.

« Aucune grâce extérieure n’est complète si la beauté intérieure ne la vivifie. La beauté de l’âme se répand comme une lumière mystérieuse sur la beauté du corps. » - Victor Hugo

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