La méthode Coué est elle efficace?

La méthode Coué, cela fonctionne ?

Jusqu’à présent, lorsque j’entends parler de méthode Coué, j’entends tout et son contraire. Pour certains, la méthode Coué, l’autosuggestion, l’auto-motivation, la pensée positive, ou toute autre variante actuelle sont d’une efficacité redoutable alors que pour d’autres ce n’est que de la fumisterie.
Et au final, est-ce que ça marche, la méthode Coué ? Et si ça marche, chez qui et comment ?

 

La Résistance au changement.

« Tu devrais avoir plus confiance en toi ! », « Arrête d’entretenir ces complexes ! », « Tu n’as pas de complexes à avoir à ce sujet ! », « Il faut que tu apprennes à t’aimer. », « Pourquoi tu te sous-estimes ? », « Mais non, tu n’es pas nul(le). » « Mais non, tu n’es pas moche. », « Mais non, tu n’es pas bête. »… Qui n’a jamais eu à entendre ces conseils ou affirmations, si faciles à dire et pourtant si compliqués à appliquer ? Quand tu les entends, une partie de toi sait qu’ils ont raison, mais la remarque ne fait que renforcer ton manque de confiance. Tu n’as qu’une envie, de rentrer dans ta coquille pour te faire oublier.

Là je viens de te décrire un des effets de la résistance au changement dans le cadre de notre dévalorisation personnelle. Nous nous sommes tellement habitués à nos croyances limitantes qu’elles font partie de notre zone de confort (Ne crois pas que la zone de confort est confortable). La résistance au changement est cette force nourrie par la crainte de l’échec et la crainte du ridicule mais également par le fait que notre cerveau a une nette préférence pour répéter les schémas déjà connus simplement parce qu’ils demandent moins d’implication et de réflexion.

De plus, la résistance au changement est un des mécanismes qui entretiennent le manque de confiance en soi : plus on va essayer de se convaincre que l’on est quelqu’un de valable, plus une partie de nous va nous pousser à nous considérer comme nul.

Ce phénomène de résistance au changement est la première raison pour laquelle la méthode Coué ne fonctionne pas… pour certains d’entre nous… j’y reviens dans quelques lignes.

L’autosuggestion, mal pratiquée.

Certains professionnels de santé reprochent à la pratique de l’autosuggestion qu’elle masque temporairement les problèmes. Ce serait pour eux une arnaque dont la seule fonction serait de créer un état temporaire de bien-être. Il est en partie vrai que la pratique de l’autosuggestion, si on ne l’utilise pas correctement, peut facilement devenir un outil de refoulement et de tension intérieure.

Effectivement, si l’on pratique l’autosuggestion sans savoir comment cela fonctionne, les résultats peuvent être décevants. L’autosuggestion ne consiste pas à se répéter « quand on veut, on peut ! », « L’angoisse ne m’atteint plus ! » ou «Je veux arriver à parler en public sans crainte ! » .

De plus, que dire de l’efficacité d’exercices d’autosuggestions visant à te faire atteindre le poids de tes rêves si c’est la seule chose que tu fais et si, jour après jour, l’image que tu vois dans le miroir te fait de plus en plus détester ton corps ? Est-ce l’autosuggestion qui est en cause ou la manière dont elle est pratiquée ?

La méthode Coué, cela fonctionne ?

La méthode Coué, ou l’autosuggestion, c’est quoi ?

Émile Coué était un pharmacien qui avait pris l’habitude de dire à ses clients des paroles encourageantes à chaque fois qu’il leur délivrait un médicament. Il s’est aperçu que plus il répétait ces phrases, plus les médicaments étaient efficaces. De fil en aiguille, il en est arrivé à développer la méthode qui porte son nom et qui fait la promotion de l’autosuggestion (terme déjà utilisé par Emile Coué).

Sa méthode s’appuie sur deux postulats :

  • Toute pensée que nous avons en tête finit par devenir réalité (dans la limite du raisonnable). Et plus une pensée occupe notre esprit, plus elle a tendance à se transformer en acte.
  • Ce n’est pas notre volonté qui nous fait agir, mais notre imagination. S’il nous arrive souvent de faire ce que nous voulons, c’est que nous imaginons en même temps que nous sommes capables de le faire.

Il citait souvent le texte de Blaise Pascal sur le vertige et la volonté pour illustrer ses postulats : nous sommes tous capables de marcher sur une planche de 10 mètres de long et de 25 centimètres de large si elle est au sol. En revanche, si cette même planche était posée entre les deux tours d’une cathédrale, peu de personnes s’y risqueraient. Pourquoi ? Dans le premier cas, notre cerveau nous dit que la traversée est facile, dans le second nous imaginons la chute. Les charpentiers comme les couvreurs imaginent, eux, qu’ils peuvent le faire. Et ils le font.

La méthode Coué repose aussi sur 5 « lois » :

  • Une pensée, bonne ou mauvaise, que nous avons en tête est pour nous semblable à la réalité, et a tendance à se réaliser (dans la limite du raisonnable).
  • La première faculté de l’homme est l’imagination.
  • Quand il y a lutte entre imagination et volonté, c’est toujours l’imagination qui l’emporte sans aucune exception.
  • Lorsque la volonté et l’imagination sont en accord, elles font plus que s’ajouter, elles se multiplient l’une l’autre.
  • L’imagination peut être conduite par l’autosuggestion consciente.

En résumé, si tu veux que l’autosuggestion fonctionne, il faut que tu l’accompagnes d’imagination. Il faut que tu t’imagines être capable de réaliser tes objectifs et il faut que ton imagination soit en accord avec ta volonté.

«Ce n’est pas la volonté qui est la faculté première de l’homme, mais l’imagination. » - Emile Coué

L’autosuggestion, une efficacité prouvée ?

Joanne Wood, professeur de psychologie à l’Université de Waterloo, au Canada, a mené une étude sur l’impact des autosuggestions positives : une même expérience a été réalisée sur deux groupes différents :

  • Le premier groupe contenait des participants qui avaient une faible estime de soi. Une partie du groupe pratiquait des autosuggestions positives, l’autre partie servait de groupe témoin et ne faisait donc rien de particulier. Un certain nombre des participants qui pratiquaient les autosuggestions positives se sentaient au final moins bien que ceux qui ne le faisaient pas.
  • Le deuxième groupe était constitué de participants qui avaient une meilleure estime de soi. Ceux qui se répétaient des affirmations positives se sentaient généralement mieux que ceux qui ne le faisaient pas.

Finalement, cette étude a conclu que les autosuggestions positives pouvaient profiter à certaines personnes, mais elles peuvent se retourner contre celles qui ont en le plus besoin les personnes dont l’estime est faible.

Je t’entends déjà dire « Donc Thomas, tu me dis que si je n’ai pas assez d’estime, il vaut mieux que j’oublie l’autosuggestion ? »

Bien entendu, non ! Cette expérience cherchait à mesurer les résultats de l’autosuggestion comme seule technique de développement personnel. Ce qu’elle prouve c’est que l’autosuggestion pratiquée seule et « en conflit avec nos propres croyances » est contre-productive.

En réalité, lorsque notre estime est faible, la résistance au changement citée tout à l’heure est plus forte que l’autosuggestion quand elle est pratiquée seule. Pour que l’autosuggestion l’emporte sur la résistance au changement, elle doit être accompagnée d’autres types de travail sur soi.

Avec l’avancée des neurosciences, et notamment les connaissances sur la neuroplasticité de notre cerveau, on comprend un peu mieux l’action de l’autosuggestion.

On sait aujourd’hui, qu’il y a une partie de notre cerveau (la partie Limbique) qui ne fait pas la différence entre passé, présent et futur, entre réel et imaginaire.

On sait aujourd’hui que quand on demande à deux groupes de personnes, l’un de faire réellement un exercice de musculation et l’autre de se visualiser pleinement (avec émotions et détails) être en train de faire le même exercice, les deux groupes sollicitent les mêmes parties du cerveau, ont les mêmes activités neurologiques et les deux ont une sollicitation au niveau des muscles. Bien sur, ceux qui le font réellement ont plus de sollicitation musculaire et donc plus de développement musculaire. Mais ce qui est intéressant, c’est que pour une partie du cerveau, l’activation neurologique est sensiblement la même entre quelqu’un qui fait quelque chose et quelqu’un qui s’imagine le faire.

Cela nous permet donc de comprendre que, lorsque l’on répète des phrases qui affirment que l’on a les capacités que nous désirons acquérir tout en utilisant notre imagination et nos émotions, le cerveau commence à considérer cette capacité comme acquise. De cette manière, lorsque tu rencontreras par la suite une situation nécessitant cette aptitude, il y aurez une partie de toi qui pourra se dire « Ca, je l’ai déjà vécu et je sais comment le gérer. »

« La crainte de l’échec le fait presque sûrement échouer, de même que la pensée du succès le conduit au succès : les obstacles qu’il rencontre, il les surmontera toujours. » - Emile Coué

l’autosuggestion dans une stratégie plus complète.

Là où l’autosuggestion peut faire des grandes différences, c’est quand tu ne la considères plus comme l’élément central, ou le seul élément de ta stratégie de développent personnel.

Par exemple :

  • Fixe-toi des objectifs modérés et gradués (du genre, si tu es timide : « Aujourd’hui si je croise quelqu’un dans l’ascenseur, je lui dis bonjour et je lui fais un compliment, sur sa tenue, sur sa voix, ou quoi que ce soit d’autre. » sans chercher à avoir une réaction de l’autre ou un compliment en retour).
  • Force-toi à dépasser ta peur, si ton objectif est modéré cela doit être réalisable. Force-toi à dépasser ta peur car c’est en agissant, même si tu bafouilles, que tu finiras par voir des résultats.
  • Ajoute aux deux premiers points des exercices d’autosuggestions et ceux-ci t’apporteront un petit coup de boost bien profitable.
Oser aller vers les autres

Dès que tu considèreras l’autosuggestion comme un complément à d’autres techniques, tu obtiendras des résultats impressionnants.

Quelques conseils pour favoriser l’autosuggestion :

La technique de l’autosuggestion est simple. Pour qu’elle puisse délivrer tout son pouvoir sur ton mental, suis ces quelques conseils :

1 - Le bon objectif

Commence par définir clairement ton objectif, rends le aussi précis et aussi clair que possible. Ensuite, prends le temps quelques minutes pour imaginer toutes les répercussions et tous les changements qui viendront lorsque tu auras atteint cet objectif. Cela te servira un peu plus tard à renforcer ta motivation.

2 - La bonne formulation :

Cela fait, prends soin de trouver les suggestions appropriées à ton désir :

  • Formule ton affirmation avec une phrase courte, affirmative et positive. Des phrases comme “ Je ne veux plus être nerveux. ” ou bien “ Je ne bégaye pas.” ne fonctionnent pas.
  • N’utilise pas de phrases commençant avec “ Je veux ”, car en formulant ainsi tu « constate » que tu veux et cela n’initie aucun accomplissement. Par contre, la formulation « Je veux et je vais… » est efficace.
  • Construis la phrase comme si la problématique était déjà résolue.
  • Préfère les phrases à la première personne du singulier pour réellement te sentir concerné.

Naturellement, tu remplaceras ces suggestions par de nouvelles au fur et à mesure de ton évolution.

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3 - L’imagination et l’émotion.

  • Utilise ce que tu as imaginé sur les répercussions et les changements pour vivre ton affirmation comme une expérience complète, comme si tu y étais, comme si c’était réel. Ressens l’affirmation comme si c’était déjà réalisé. Adopte une posture corporelle en lien avec ce que tu ressentirais si tu venais réellement d’atteindre ton objectif.
  • Au moment où tu le dis, si tu as l’émotion de celui qui y croit à 110 %, tu obtiendras de vrais résultats alors que si tu y crois à 70 %, les résultats seront à peine perceptibles. Tu dois être convaincant vis-à-vis de toi-même et de ton cerveau.

4 - Répétitions mentales et à haute voix

L’autosuggestion sera d’autant plus efficace si tu répètes tes affirmations à voix haute. Le but est que tu t’entendes dire ces affirmations. Le fait de d’entendre répéter ton affirmation renforce et accélère les nouvelles connexions positives créées dans le cerveau. Quand tu n’en a pas l’occasion, tu peux intégrer tes affirmations par répétition mentale. Mais au moins un jour sur deux, intègre tes affirmations en les disant à voix haute.

5 - Ne force pas les choses !

Si tu sens que la journée n’est pas la bonne ou que tu n’as pas le bon état d’esprit, ne pratique l’autosuggestion sous aucun prétexte ! Tu risques d’obtenir l’inverse de ce que tu désires. N’y pense plus, quitte à laisser passer quelques jours. Ne reprends le « travail d’autosuggestion » que lorsque tu te sens dans un état d’esprit plus serein.

En appliquant ces quelques conseils, tu remarqueras assez vite de vraies évolutions (ou de vrais changements) dans ton évolution personnelle.

Et toi ? As-tu déjà essayé la méthode Coué ? Quels résultats as-tu obtenus ? N’hésite pas à en parler dans les commentaires.

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