Faut-il adhérer au #Bodypositive ou au #Bodyneutrality ?
Ces dernières années, les réseaux sociaux et les médias ont eu une influence considérable sur la manière dont nous percevons notre corps. Ces médias ont été les déclencheurs de beaucoup de complexes et de beaucoup d’obsessions liés à notre physique.
Nous avons pris l’habitude de vivre dans un monde où l’apparence compte beaucoup. Probablement trop…
Depuis, nous avons vu apparaître des mouvements à contre-courant. Ces mouvements nous encouragent à assumer nos corps et nos différences. Des mouvements comme le #Bodypositive qui nous incite à exposer notre corps avec ses imperfections.
Que sont ces mouvements et sont-ils une bonne chose ? Ne nous enferment-ils pas dans un nouveau dictat ? C’est ce que nous allons voir ensemble.
C’est quoi, le mouvement Body Positive ?
En 1997, Elizabeth Scott et Connie Sobczak créent un groupe de discussion visant à aider les adolescentes à accepter leur corps. Conçu comme une alternative à des mouvements mettant des types précis de morphologie en avant, le Body Positive est lancé (parfois remplacé par Body-Posi ou BOPO).
Depuis l’avènement des réseaux sociaux, les hashtags BOPO et ses variantes sont utilisés par une importante communauté, principalement féminine. Ils sont parfois revendiqués comme féministes.
Loin des considérations de genres, le mouvement a pour objectif de nous inciter à assumer notre corps tel qu’il est. Accompagnés de #bodyposi, #BOPO, #bodylove, ou encore #fatpositive, les internautes se dévoilent et osent montrer leur corps. Ils se débarrassent de leurs complexes en embrassant publiquement ce qu’ils pourraient ne pas aimer chez eux.
Le but étant également de prouver qu’il est tout à fait possible d’être bien dans sa peau sans suivre les dictats actuels. Et c’est bien là l’intérêt principal de ce mouvement : montrer à tous, et particulièrement aux adolescent(e)s, que l’on peut s’aimer tel qu’on est, avec ses atouts et ses défauts.
Les limites du #BOPO.
Ce mouvement se veut inspirant et positif. Mais il présente pour moi quelques limites.
Si, à la base, le mouvement est censé être libérateur, il crée certains clivages : il arrive que certaines personnes se fassent reprocher d’utiliser à tort ce hashtag. Parce qu’elles sont trop minces, parce qu’elles sont trop musclées, parce que ce sont des hommes (pour d’autres #bodypositive est un mouvement féministe.)
Pourtant, si l’on reprend le mouvement à ses fondations le but reste de nous inciter à accepter notre corps, quel qu’il soit. C’est un fait : la société met beaucoup plus de pression sur les femmes au sujet de leur apparence physique. Mais cette pression est également ressentie par des hommes.
Nous pouvons tous avoir des complexes et nous pouvons tous prendre le parti de revendiquer notre droit à la différence et au dépassement de nos complexes. Même si ce complexe est juste une cicatrice ou une particularité chez une personne au corps longiligne et harmonieux.
Le mouvement pourrait également être perçu comme un nouveau moyen de se coller une étiquette sur le front : « Gros(se) et fière de l’être… » (tu peux remplacer l’adjectif par celui qui te correspond, cela marche également).
Tout cela mène à une nouvelle forme d’étiquetage : gros contre mince, qui s’accepte contre qui ne s’accepte pas, Body Positive contre les personnes qui aiment changer/sculpter leur apparence. etc…
Est-ce réellement ce que l’on cherche ? Car ce n’est jamais que nous mettre la pression sur des critères physiques, dans un sens comme dans l’autre… C’est ce que l’on perçoit assez souvent sur les réseaux sociaux : beaucoup de réactions à l’utilisation de ces hashtags sont finalement des considérations sur l’apparence physique.
Le #bodypositive peut aussi nous mettre la pression : face aux messages véhiculés, on peut se sentir dans l’obligation de chercher à aimer son corps. Le mouvement nous demande presque de passer au-delà de nos émotions.
Pourtant, nous avons parfaitement le droit de ne pas aimer tel ou tel trait physique… Acceptons l’opinion que les gens ont sur leur corps, qu’ils ou elles veulent changer ou s’accepter, c’est leur choix.
Et le mouvement #Bodyneutrality ?
Le Body Neutrality se veut une version plus nuancée du Body Positive en mettant l’accent sur l’acceptation de soi. Ce mouvement, qui existe depuis 2016, est plus souple et est perçu par certains comme une philosophie de vie.
À mi-chemin entre Body Positive et Body Shaming, il semble être un juste milieu. Exit l’injonction de s’accepter à tout prix, quels que soient nos ressentis et notre vécu.
Ce mouvement cherche à nous faire comprendre qu’il est normal de ne pas se trouver beau, de ne pas aimer apparence tous les jours.
Là où les Body Positive pouvaient se forcer à s’accepter, les Body Neutrality accepteront leur situation du moment. Plutôt que de s’afficher sans complexe et la tête haute, les Body Neutrality vont tantôt publier qu’ils ne se sentent pas à l’aise avec telle ou telle partie de leur physique, tantôt dédramatiser ou même afficher en toute simplicité leurs petites fiertés.
En acceptant de parler sans détour de leurs complexes, mais aussi de leurs forces, elles expriment leur envie de s’accepter sous leur vrai jour. Elles montrent leur parcours pour y parvenir et nous encouragent à faire pareil.
Délaisser son obsession du physique et de son reflet dans le miroir pour accepter notre corps comme étant une partie de ce qui nous caractérise, voilà le credo… L’important est de prendre du recul vis-à-vis de son apparence.
Les bienfaits des #Bodypositive et #Bodyneutrality sur la société.
Depuis 2018, nous remarquons de plus en plus de publicités avec des gens différents, sortant du « standard éculé » de la ménagère blanche de moins de cinquante ans.
D’accord, on pourrait reprocher aux publicitaires de s’approprier les mouvements #Bodypositive et #Bodyneutrality pour mieux vendre (surtout des articles de sport, des fringues et des cosmétiques). Pourtant, je percois cette évolution des publicités comme une très bonne chose. Ok, je comprends que certains perçoivent cela comme une appropriation, à des fins de profit, de causes plus profondes (droit des femmes, minorités, handicaps…).
Mais c’est aussi le signe d’une évolution des mentalités : le fait de montrer plus de différences est le reflet de l’évolution de notre acceptation des diversités, de l’évolution de nos attentes. Ces nouvelles publicités sont une preuve concrète de ce que ces mouvements nous ont apportés. Et surtout, c’est une image beaucoup moins formatée de la société qui est progressivement offerte à nos jeunes.
Quoi de mieux que des publicités avec des personnes ayant des tatouages, du vitiligo, en chaise roulante, porteuses de prothèse ou ayant de l’embonpoint pour limiter la pression sur nos adolescent(e)s quant à leur physique ?
Et finalement, que choisir ?
Que tu sois plus attiré par le Body Neutrality, le Body Positive ou même le Body Shaping, peu importe… L’essentiel est qu’au final, tu te sentes bien dans ta peau.
Nous avons tous des complexes, sauf à être très narcissique. Et oui, il m’arrive également de ne pas être satisfait de mon apparence, comme tout le monde. Mais les jours où je suis heureux, mon apparence est le cadet de mes soucis. Est-elle si importante ?
Je vois ces mouvements d’un très bon œil dans le sens où ils nous poussent à améliorer notre rapport avec notre corps. Pourtant, je ne ressens pas le besoin d’adhérer à l’un ou à l’autre. Ai-je besoin d’un hashtag lié à mon apparence physique ? Définitivement : non ! Mon physique n’est probablement qu’un pour cent de ce qui me définit. Les 99 autres pour cent méritent tout autant leur hashtag (ou leur absence de hashtag…).
Oui, nous serons encore influencés par l’image qui est véhiculée autour de nous, surtout à l’approche de l’été. Mais c’est quoi un summer body ? Le corps de quelqu’un qui l’accepte pour ce qu’il est et qui, accessoirement, est à la plage. Si tu es bien avec toi-même et avec ton entourage, ton apparence passera assez vite au second plan.
Et si je n’arrive pas à m’accepter physiquement ?
Il y a tellement de raisons qui font que nous n’acceptons pas notre corps qu’il est difficile de donner un conseil qui conviendra à tout le monde.
Tout dépend de ce qui te dérange dans ton physique… Est-ce un chose immuable tel que ta couleur de peau ? Est-ce la conséquence d’un accident ou d’une maladie ? Est-ce une chose qui peut être travaillée par de l’exercice physique ? Est-ce une chose que peut être modifiée avec des cosmétiques, une teinture, des lentilles ou d’autres accessoires ? Est-ce quelque chose qui peut être modifié grâce à une intervention médicale ou chirurgicale ?
Globalement, face à notre apparence physique, nous avons trois choix possibles pour nous sentir mieux : la maquiller, la changer, ou l’accepter.
La maquiller : masquer nos particularités physiques sous du fond de teint, des lentilles ou une teinture peut être une chose anodine et facile. Surtout quand c’est un choix assumé, ou juste un moyen de sublimer légèrement la réalité. Par contre quand on maquille des choses qui nous complexent, c’est une arme à double tranchant. Arrive toujours le moment où nous devons enlever le maquillage et le complexe est toujours là, parfois exacerbé.
La changer : quand on est trop maigre ou pas assez tonique, on peut décider de faire du sport pour se muscler. Quand on se trouve trop gros, on peut décider de faire un régime et/ou du sport pour perdre quelques kilos. Mais sera-t-on plus heureux avec notre nouvelle apparence ? C’est une question à laquelle tu es le(a) seul(e) à pouvoir répondre.
Et si le défaut peut être changé par la chirurgie ? Loin de moi le moindre jugement de valeur ni sur le bien-fondé de tels interventions ni sur les raisons qui te pousseraient à faire un tel choix… La question principale étant de savoir si les avantages espérés justifient les risque liés à l’intervention.
La seule réserve que je pourrais émettre est que nos connaissances sur le fonctionnement du corps humain sont encore très partielles. Régulièrement, nos chercheurs découvrent qu’un organe ne se limite pas à sa fonction la plus évidente, mais qu’il interagit de manière surprenante avec le reste du corps. Et donc toute intervention médicale peut avoir des effets non anticipés.
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L’acceptation : c’est peut être la solution la plus intéressante à long terme. Mais ce n’est pas pour autant la plus évidente. Le chemin de l’acceptation peut être lent et semé d’embûches tout comme il peut se faire sur un déclic…
Sur le chemin de l’acceptation, je te conseille un outil : ton miroir (ou sa variante technologique, une caméra). Apprends à faire de ton miroir un allié.
Professeur de danse, cela fait bien longtemps que j’utilise le miroir pour progresser dans ma pratique. Souvent, quand je donne cours, je vois des élèves ayant du mal à se regarder… Et c’est assez normal, car c’est une vision externalisée de nous-même… Tout comme nous n’aimons pas trop entendre notre voix lorsqu’elle a été enregistrée.
Depuis quelques mois, pour enregistrer ce podcast, j’écoute ma voix enregistrée. Et si au début, cet exercice pouvait me sembler un peu inconfortable, avec le temps, je m’y suis habitué. Je dirais maintenant, que j’ai les mêmes sentiments en écoutant ma voix qu’en écoutant la voix d’une personne proche. Sans être narcissique, ma voix est une part de moi que j’apprends à apprécier. Et, je la considère même comme un atout.
Oser se regarder dans un miroir (et peut-être se forcer un peu au début) est un des meilleurs exercices que je puisse te conseiller. Le but n’est pas de te pousser à aimer l’image reflétée… Juste à accepter cette image comme faisant partie de toi et ne te faisant pas plus d’effet que de regarder tes pieds quand tu descends un escalier. Si par bonheur, tu te mets à apprécier ton image, ce n’est que du bonus… :)
Et si tu veux aller encore un peu plus loin dans l’acceptation de ton apparence, tu peux poser une caméra dans un coin et te filmer pour te regarder un peu plus tard. Dans cet exercice, la caméra aura la même fonction que le miroir tout en te renvoyant une image encore plus externalisée et dissociée.
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