Dépasser l'isolement émotionnel.

Dépasser l'isolement émotionnel.

Solitude, tristesse, pessimisme, défaitisme, manque de motivation… l’isolement émotionnel est un fardeau porté par beaucoup de personnes.

Pourtant, c’est un concept assez méconnu et la plupart de ceux qui le vivent n’ont pas réellement de mots pour le décrire.

L’homme est une créature sociale et, à ce titre, il établit des liens avec ses semblables. Nous avons tous nos modes de fonctionnement quand il est question de tisser des liens : certains sont réservés alors que d’autres sont plus expressifs. Ces différences ne sont pas un problème en soi tant que nous continuons à être capable d’entretenir des relations humaines égalitaires.

Mais ce n’est pas le cas pour tout le monde. Certaines personnes bâtissent une forteresse invisible autour d’elles et, volontairement ou involontairement, elles s’y retranchent du monde. Il arrive que les protections qu’elles se créent finissent par être un frein à leur vie sociale.

Que la distanciation mise entre elles et leur environnement soit voulue ou subie, celle-ci affecte obligatoirement leur vision de la vie et impacte négativement leurs relations. Elles finissent par devenir invisibles ou inaccessibles pour les autres. Leurs comportements : passif, absent, distant, auto-protecteur ou agressif, peut générer de grandes difficultés relationnelles.

Quel est le lien avec la confiance ?

Si l’isolement émotionnel est un sujet qui me tient à cœur, c’est que mon parcours m’a amené à le vivre et à l’expérimenter.

Le rejet et le harcèlement, que j’ai vécu sous une forme ou sous une autre durant toute ma scolarité, couplé à la méconnaissance, quasi-totale à l’époque, de ce phénomène par le corps enseignant et le fait que mon entourage s’est retrouvé complètement démuni face à ma détresse, m’ont amené à me renfermer sur moi-même.

J’ai cloisonné à l’excès les différents aspects de ma vie. J’ai très rapidement appris à tout garder pour moi, pour ne pas montrer mes failles et pour ne pas blesser les autres. Mais aussi pour ne pas retourner moi-même le couteau dans la plaie et pour ne pas rajouter à mon désarroi, celui impuissant de mon entourage. Pour ne pas à avoir à porter, en plus des miennes, leurs craintes et leurs révoltes. J’ai également appris à encaisser bien plus de raison dans la sphère sociale. Mais cette capacité à encaisser a eu son revers dans la sphère privée : là où je me croyais blindé en public, j’étais explosif avec mes proches.

Durant les phases de disputes, j’étais envahi de deux grandes peurs, celle d’être complètement à découvert si je m’ouvrais aux autres et celle de ne pas avoir les ressources pour résister au pouvoir que j’aurais pu leur donner en me dévoilant. J’avais peur d’être rejeté dans la sphère privée comme je l’étais dans la sphère sociale. Pour éviter d’avoir à vivre le rejet après avoir exprimé mes sentiments, mes attentes ou mes besoins, je préférais me durcir, être cassant et rembarrer mes proches.

Rejeter pour ne pas être rejeté… Rejeter pour avoir le sentiment de conserver le contrôle et donc de ne pas subir une fois de plus le rejet… Pour au final me sentir tout aussi seul, non-digne d’amour et donc avec un niveau d’estime personnelle au quatrième dessous…

Je n’ai jamais dit que les humains, et moi par inclusion, étions parfaitement logiques…

Si ces sentiments te sont étrangers et que tu souhaites te faire une petite idée de ce que peuvent ressentir et vivre les personnes passant par une phase d’isolement émotionnel, prends le temps d’écouter le morceau « Solitude » de Scylla & Sofiane Pamart.

Les différences entre être introverti et isolé.

Il y a de vraies différences entre le fait d’être réservé et celui d’être isolé au niveau émotionnel. Les personnes réservées sont des personnes qui se sentent bien en leur propre compagnie, qui expriment ce qu’elles ressentent uniquement aux personnes en qui elles ont confiance, ou qu’elles connaissent depuis longtemps. On considère qu’entre 25 et 50 % de la population peut être désignée comme « réservée ».

Les personnes isolées émotionnellement ressentent un réel intérêt à ne pas permettre aux autres de connaître ce qu’elles ressentent, ou elles ressentent une impossibilité à le communiquer. Elles se perçoivent comme confinées dans leur propre intérieur, coupées du monde même lorsqu’elles sont entourées de leurs proches.

Il y a également une différence entre vouloir garder sa vie personnelle privée et s’isoler émotionnellement. Les autres ressentent cette distance et ne la perçoivent pas comme un mécanisme de protection de notre part. Ils nous sentent évasifs, impénétrables, froids, durs, agressifs et finissent par prendre des distances pour se protéger eux-mêmes.

L’isolement émotionnel découle pourtant d’un mécanisme de protection. Ce mécanisme s’installe souvent auprès de personnes qui ont subi des violences : physiques, psychologiques ou verbales. En général, elles sont passées par une expérience de victimisation, c’est-à-dire, d’un sentiment profond de manque de défense face à une situation.

Pour se protéger, elles peuvent choisir des tactiques différentes : certaines ne parleront pas beaucoup et préféreront se ranger à l’avis de leur proche quoi qu’il arrive, laissant les autres décider à leur place, au risque de se laisser écraser. D’autres se déconnectent de leur entourage en adoptant des conduites stéréotypées, en ne parlant que de sujets superficiels, ou en maintenant un comportement protocolaire. Certaines ont honte de leurs propres sentiments et finissent par croire qu’il est inopportun de les exprimer. Parfois, la peur est à fleur de peau et un rien suffit à provoquer tocs et crises d’angoisse. D’autres encore deviendront hautaines et méprisantes pour se protéger des autres, avec des comportements farouches, pouvant même se rendre totalement insensibles à leur entourage.

L’isolement émotionnel est, dans tous les cas, la manifestation d’une peur. Nous fuyons le contact, quelle que soit la stratégie adoptée… Nous fuyons le contact, car la crainte de devenir vulnérable est omniprésente. L’idée préconçue que notre entourage utilisera d’une manière ou d’une autre nos failles pour nous faire souffrir prévaut sur le reste.

Il y a également la croyance bien ancrée que nous n’avons pas les ressources pour résister à cette menace supposée, ou pour faire face à la souffrance qui pourrait en découler.

Les personnes qui s’isolent ont une vision négative d’elles-mêmes, elles ne se pensent pas fortes et s’imaginent qu’elles ne peuvent pas être appréciées dans un groupe parce qu’elles ont moins de valeur que les autres. D’une manière ou d’une autre, elles ne se sentent pas à leur place, pas assez méritantes à l’intérieur du groupe. Elles accordent une valeur démesurée aux autres : elles craignent les réactions et les opinions des autres, leurs colères et leurs rejets.

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Les risques de l’isolement émotionnel.

Petit à petit, l’isolement émotionnel amène la personne à fuir tout contact avec les autres. Elle passe des journées entières sans s’adresser à qui que ce soit, enfermée chez elle et l’idée même d’un contact avec d’autres personnes peut générer de l’angoisse.

Pourtant, les liens humains sont une nécessité indispensable à notre équilibre personnel et mental. Nous avons tous besoin de relations basées sur la confiance, pour nous sentir connectés avec nous-mêmes et avec le monde qui nous entoure. Nous avons tous besoin d’évoluer individuellement et socialement pour ne pas sombrer dans l’anxiété et la dépression.

Un des gros risques, lorsque nous arrivons à ce niveau d’isolement, est qu’il n’y ait plus personne pour déceler les signes de cet état dépressif, puisque nous nous sommes isolés et rendus invisibles aux yeux des autres. Et plus nous approchons de cet état dépressif plus nous nous isolons.

Pour cela, si tu sens que tu te replies sur toi-même, que tu évites la compagnie des autres, mais surtout que tu ne parviens pas à t’épanouir quand tu es seul, c’est un signal à prendre en compte et qui demande que tu réagisses.

Des leviers pour en sortir.

L’avantage de l’isolement sur d’autres états psychiques est que nous sommes en permanence conscients de l’isolement. Le tout est d’en comprendre les mécanismes et d’accepter l’idée d’en sortir. Et c’est bien le problème de l’isolement. On sait de quoi on souffre sans véritablement savoir pourquoi et on hésite à se débarrasser de nos mécanismes de défense.

L’isolement émotionnel est rarement un choix délibéré, les mécanismes défensifs à l’origine de celui-ci non plus. Le fait de reconnaître les mécanismes défensifs est un premier pas pour entrevoir une amélioration possible. Une fois que l’on a pris conscience que l’on vit derrière un rideau, un écran de protection, il faut conscientiser le fait que, dans bien des cas, nous sommes, plus que notre entourage ou notre environnement, responsables de cette situation de fait.

Il nous faut également intégrer ces quelques points :

  • Ce n’est pas parce que nous traversons des épreuves difficiles nous rendant méfiants, que notre parole à moins de valeur que celle de nos interlocuteurs.
  • Nos mécanismes défensifs nous font rater ou ignorer des opportunités de contacts enrichissants tous les jours.
  • La majorité de nos proches n’ont jamais confirmé dans leurs attitudes le bien-fondé de nos craintes, nous sommes les seuls à générer ces craintes.
  • Si, malgré tout, nous avons dans notre entourage des personnes qui cherchent réellement à nous faire passer au second plan, celles-ci ne sont pas dignes de faire partie de nos proches.

Dès lors, il nous reste à choisir : veut-on conserver notre « sécurité », conserver ces stratégies défensives au risque de nous rendre complètement invisibles pour les autres ? Continuer à être entouré de personnes qui ne nous connaissent peu ou pas du tout ? Ou est-on prêt à prendre le risque d’être trahi par quelqu’un à qui on avait accordé sa confiance ?

Se débarrasser de l’à priori quant à notre positionnement « inférieur » ou « de victime » est essentiel pour retrouver du plaisir dans les contacts sociaux. Que risque-t-on finalement ? Est-on réellement incompris, jugés ou persécutés ?

Pour favoriser une sortie de l’isolement, il nous faut prendre conscience de notre perception tronquée des rapports sociaux et accepter de laisser une chance à nos proches, au partage et à l’extériorisation de nos pensées.

Une fois cette acceptation actée, il faut faire la part des choses entre l’univers solitaire dans lequel nous nous lovons par sentiment de sécurité et notre environnement. Le but, c’est d’instaurer une tendance, une ligne de conduite se renforçant au fur et à mesure de l’expérience. L’ouverture sur l’extérieur est une capacité qui se travaille et qui s’améliore.

Toutes les options sont bonnes pour favoriser l’échange : tu peux devenir actif(ve) sur des forums si tu veux démarrer prudemment, tu peux prendre la décision de sortir plus souvent de chez-toi, tu peux encore décider de pratiquer de nouvelles activités. Le choix est vaste.

Sports, clubs et associations, festivals, foires… les occasions de te mêler aux autres sans nécessairement avoir à t’exprimer de manière continue sont multiples. Attention malgré tout aux événements rassemblant trop de monde, ceux-ci sont parfois assez impersonnels et on peut facilement y avoir un sentiment de solitude au milieu de la masse alors que c’est ce que l’on cherche à éviter.

Dans la limite du raisonnable, t’enquérir des besoins et des ressentis de tes proches, collègues ou même connaissances, est également une bonne piste pour t’ouvrir aux autres. Non seulement, cela te permettra de voir que nous avons tous nos casseroles, mais tu retrouveras également ce statut de personne sociable, qu’on aime d’avoir auprès de soi.

Il n’est pas nécessaire d’avoir des tas d’amis et une vie sociale prolifique. Mais il te sera nécessaire de t’entourer de quelques personnes de confiance, avec qui tu peux t’exprimer sans filtres. Ceux-ci t’aideront à trouver un équilibre entre construction individuelle et construction sociale. Cela te permettra non seulement de réellement t’adapter à ton environnement, mais également de t’ouvrir à lui et de profiter pleinement de la vie.

Et finalement, accepter et reconnaître ta vulnérabilité finit toujours par nourrir ta confiance en toi. En t’appuyant sur tes failles, en dressant un état des lieux, en observant ce qui t’arrive le plus justement possible, tu acquerras la certitude réaliste et concrète que tu disposes des ressources intérieures suffisantes pour faire face aux situations qui pouvaient jusqu’alors te faire peur. Considérer les obstacles permet de mieux les franchir. Les nier mène droit à l’échec

Qu’en est-il pour toi ? As-tu déjà fait face à l’isolement ? Comment t’en es-tu sorti ?

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