Comment faire une bonne première impression ?
Les êtres humains se mesurent et se jaugent rapidement, très rapidement. C’est écrit dans nos gènes : les premiers humains devaient pouvoir déterminer rapidement si leur vis-à-vis devait être redouté ou pas. Les premiers instants de toute rencontre sont d’une importance cruciale, car ils peuvent faire une vraie différence sur le long terme…
Quand nous voyons un visage pour la première fois, 50 millisecondes suffisent pour que nous prenions les toutes premières décisions qui vont conditionner nos réactions et nos a priori vis-à-vis de cette personne. Cet effet continue sur les quelques premières secondes ou dizaines de secondes suivantes et nous nous forgeons ainsi une première impression. (Les avis divergent parfois sur cette durée, mais est-ce le plus important ?)
Une étude menée en 2010 par des psychologues belges, canadiens et américains (Gawronski Bertram, Rydell Robert, Vervliet Bram, De Houwer Jan) démontre que la maxime « vous n’avez jamais de seconde chance pour faire bonne impression ! » n’est pas qu’une vérité littéraire.
Les résultats de cette étude suggèrent que la première impression que nous nous faisons de quelqu’un devient une « règle » et que les nouvelles expériences qui contredisent cette première impression, ne sont perçues que comme des « exceptions qui confirment la règle » . Elles dépendent plus du contexte dans lequel elles se sont déroulées que de la personnalité de celui-ci. Par la suite, la règle dictée par la première impression continue d’être traitée comme étant valide excepté dans le contexte spécifique dans lequel elle a été rompue.
L’auteur de l’étude, Bertram Gawronski (université de l’Ontario), nous explique : « Imaginez que vous ayez un nouveau collègue de travail, et que votre impression sur cette personne ne soit pas favorable. Quelques semaines plus tard, vous rencontrez ce collègue lors d’une fête et vous réalisez qu’il est en fait très sympa. Bien que vous sachiez que votre première impression était fausse, votre intuition profonde vis-à-vis de votre nouveau collègue sera influencée par votre nouvelle expérience uniquement dans des contextes qui seront identiques à ceux de la fête. Cependant, votre première impression dominera toujours dans tous les autres contextes. »
Si les résultats de cette étude confirment la persistance tenace de nos premières impressions, Gawronski note malgré tout qu’elles peuvent être modifiées : « Ce qu’il faut, c’est que la première impression soit remise en cause dans de multiples contextes. Dans ce cas, les nouvelles expériences deviennent décontextualisées, et la première impression perdra doucement de sa puissance. Mais tant que la première impression n’est contredite que dans le même contexte, vous pouvez faire tout ce que vous voulez, la première impression dominera quelle que soit la fréquence de sa remise en cause par de nouvelles expériences. »
Ne pas compter que sur la chance.
En lisant cette étude, je n’ai pas manqué de noter que pour la plupart des personnes que j’ai rencontrées ces vingt dernières années et qui sont encore des contacts réguliers, j’ai encore en mémoire les premiers instants vécus en leur présence et la première impression que je m’en suis faite. Pour la plupart d’entre eux, cette première impression est majoritairement conforme à l’image que j’ai d’eux actuellement.
Pour d’autres par contre, la première impression n’est pas restée, car elle a été infirmée à diverses reprises. Je remarque que dans ces derniers cas, nous avons eu, eux et moi, de la chance… La chance de nous être donné la possibilité de nous faire une nouvelle impression ou la chance que la vie et les événements nous aient forcés à revoir nos avis.
Mais cette chance reste une exception, car pour ces quelques exemples, combien y a-t-il de gens vis-à-vis desquels je me suis forgé un avis injustement négatif ? Et combien de fois ai-je raté l’occasion de marquer favorablement l’esprit des personnes croisées ?
Une des personnes avec qui j’ai eu la chance de dépasser nos premières impressions m’a un jour décrit son premier ressenti à mon sujet. Le personnage froid et distant qu’elle a perçu n’est pas celui que je suis, mais est probablement un des avatars que je me suis créés lors de ma période d’isolement émotionnel.
Faire bonne impression.
Les premières impressions que l’on se forge à ton sujet sont influencées par un certain nombre de facteurs, certains sur lesquels tu pourras travailler et d’autres qui ne changeront pas. Commençons par ceux sur lesquels nous n’avons pas beaucoup d’influence.
L’apparence physique
Une étude menée en 2017 par la psychologue Leslie Zebrowitz, de l’Université Brandeis, a révélé que les gens se servent de quatre indices physiques pour nous juger:
- l’aspect juvénile du visage. Plus on a un visage de poupon (visage rond, grands yeux, sourcils hauts, grand front, petit nez et petit menton, joues joufflues… indépendamment de l’âge apparent), amène l’interlocuteur à être plus protecteur et moins agressif.
- la familiarité du visage. La ressemblance d’un inconnu avec une personne de l’entourage nous donne le préjugé que l’inconnu partage les traits de caractère de la personne que nous connaissons. Mais aussi, plus un visage ressemble de manière globale à ceux de notre région de résidence plus nous nous sentons en confiance (un visage scandinave n’est pas perçu de la même manière à Stockholm qu’à Marseille).
- l’impression de santé et de forme physique dégagée par notre apparence. Nous sommes génétiquement programmés pour répondre plus favorablement à quelqu’un qui semble être en bonne santé.
- la ressemblance émotionnelle (la manière dont notre physionomie faciale peut ressembler à l’expression d’une émotion). Par exemple, des sourcils naturellement plus bas sur un visage d’expression neutre nous font plus facilement percevoir la personne comme en colère, des sourcils naturellement plus hauts nous font lire de la surprise, etc.
Tu n’as naturellement pas de possibilité d’agir sur les deux premiers points, car ni ta physionomie générale ni ta ressemblance avec des personnes de l’entourage de ton interlocuteur ne sont de ton ressort.
Sur le troisième point, la clé est ton hygiène de vie : veille à dormir suffisamment, à avoir une alimentation saine et à faire suffisamment d’activités physiques. Évite aussi tabac, alcool et drogues. Tous ces points ont une influence sur ton apparence physique à des degrés divers.
Et enfin, tu peux améliorer tes « ressemblances affectives » en adoptant des expressions de visage qui génèrent naturellement la confiance. Après des décennies à froncer les sourcils, un sexagénaire aura une expression faciale plus sévère qu’un autre sexagénaire qui a passé sa vie à sourire. Souris plus et plus souvent, cela ne peut pas nuire.
Ton allure générale
Les trois premières choses que les gens remarquent quand ils te croisent sont ta silhouette, ton maintien et ta tenue vestimentaire.
- Ta silhouette n’est pas une chose sur laquelle tu as une influence à court terme. De plus, il y a dans celle-ci des facteurs immuables comme ta taille ou d’éventuels problèmes de santé qui pourraient t’empêcher d’agir sur celle-ci, même à long terme. Pour le reste, ton hygiène de vie peut avoir une influence sur ta silhouette.
- Ta tenue vestimentaire : adapte ton style vestimentaire selon l’occasion. Tu ne t’habilleras pas de la même manière pour un entretien d’embauche dans une banque ou pour une audition pour entrer dans une troupe de théâtre. Tout est question de cible et de logique. Les couleurs et les accessoires que tu choisis ont également une influence. Les couleurs vives sont habituellement le signe d’une forte personnalité ou d’une existence exubérante. Les couleurs neutres, beige et taupe, expriment au contraire le besoin d’apaisement, de détente et de ne pas se faire trop remarquer.
- Ton maintien : corriger ta posture pour avoir le dos droit, les épaules décontractées et le menton affirmé est une chose qui demande un peu de pratique, mais qui est tout à fait accessible.
Les tous premiers contacts (mais pas que).
Dans cette partie, j’aborderai des conseils qui te sont probablement déjà familiers, mais cela ne fait jamais de mal de les rappeler.
- L’hygiène : « être propre sur soi » et contrôler ses effluves corporelles tout en ayant la main légère sur le parfum. C’est basique, je sais, mais cela reste indispensable.
- Le contact visuel : le contact visuel avec ton interlocuteur va installer la confiance parce que cela montre que tu éprouves de l’intérêt pour lui. Quand tu évites ce contact, cela crée des sentiments de rejet et de désarroi. Même si, chez toi, cela peut être induit par la timidité, l’absence de contact visuel sera perçu comme de l’arrogance ou une faible estime de toi. Si tu détournes trop vite les yeux (une seconde ou moins), tu projettes une personnalité qui n’est pas amicale et qui ne se laisse pas approcher. Si ton contact visuel est trop long (3 secondes et plus dans le cas d’un contact visuel sans communication verbale et vis-à-vis de quelqu’un avec qui tu n’as pas encore tissé de liens), tu pourras selon les cas être perçu comme agressif, inquisiteur ou intéressé sexuellement. Dans une discussion, concentre-toi très majoritairement sur ton interlocuteur, afin qu’il ne se sente pas de trop.
- Le sourire : grand classique des conseils pour faire une bonne impression, le sourire est la première chose à faire lorsqu’on croise le regard de quelqu’un pour la première fois. Malgré tout, le sourire doit être perçu comme sincère ! Un sourire sincère part des yeux et la bouche suit assez naturellement. Rien ne sert de tirer sur les joues pour agrandir le sourire. Veille aussi à ne pas passer trop rapidement du sourire à un visage sérieux ou les gens penseront que tu es faux ou que tu ne les apprécies pas.
- Une bonne poignée de main : la poignée de main ferme et amicale, accompagnée d’un contact visuel envoie un message d’engagement, de confiance et de cordialité. En langage non-verbal, c’est le moment où tu accueilles l’autre dans ta sphère et où tu te positionnes dans ton rapport à l’autre. Attention donc à la poignée de main trop molle, qui envoie un message clair d’ambivalence à s’engager et à communiquer, et celle trop forte, signe d’agressivité et d’ambitions excessives.
Pour aller plus loin
Le vrai secret pour bâtir une connexion durable va bien au-delà de la tenue vestimentaire, du regard et du sourire. Selon Amy Cuddy, professeure à la Harvard Business School et auteure du livre « Presence : Bringing Your Boldest Self to Your Biggest Challenges. » , nous nous posons, consciemment ou non, deux questions lorsque nous rencontrons quelqu’un :
- « Puis-je lui faire confiance ? »
- « Cette personne, m’inspire-t-elle le respect ? »
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Nous répondons à ces deux questions en jaugeant la cordialité et la compétence des personnes que nous croisons. Toujours selon Amy Cuddy, nous préférons en règle générale être entourés de gens moins compétents, mais parfaitement dignes de confiance que l’inverse.
Pourtant, quand on demande aux gens s’ils préfèrent être considérés comme dignes de confiance ou compétents : la plupart choisissent cette dernière possibilité. C’est parfaitement compréhensible, pour deux raisons :
- la compétence est plus facilement mesurable, elle parait plus concrète et plus pratique (on peut l’afficher sur un curriculum vitae),
- et bien que notre fiabilité et notre chaleur profitent aux autres, nous pensons que notre compétence et notre force nous profitent.
Donc nous voulons que les autres soient chaleureux et dignes de confiance, mais nous voulons qu’ils nous voient comme compétents et puissants ? Contradictoire…
Tu devrais plus chercher à gagner la confiance de tes pairs que d’essayer de gagner leur respect, même au travail.
Pour gagner la confiance, tu dois donc avant tout être cordial !
- Ton langage non-verbal : je ne m’appesantirai pas sur notre ponctualité, notre rapport au smartphone qui nous coupe du monde et de nos tics révélateurs de nos angoisses ou de notre ennui. Prends conscience de ton langage corporel. Décroise les bras, redresse-toi et évite de gigoter, tu paraîtras calme et ouvert au contact. Aie déjà vis-à-vis du nouveau venu les attitudes corporelles que tu aurais s’il faisait partie de ton entourage régulier.
- Ton écoute : nous jugeons les autres sur l’écoute qu’ils nous donnent. « Quand on ne nous écoute pas, nous nous sentons rejetés, non appréciés, dévalués ; et nous percevons la personne censée nous écouter comme froide et arrogante », dit l’experte en communication Leslie Shore. Les indices visuels que tu peux donner à ton interlocuteur sont les suivants : sois très légèrement penché en avant pendant la discussion, maintiens un contact visuel régulier et de circonstance, adopte une posture ouverte et non-défensive, hoche la tête et fais temps à autre une marque verbale d’attention ou un commentaire. Passe également plus de temps à t’intéresser à l’autre que de vendre tes mérites et qualités.
- Ton attitude vis-à-vis des tiers : nous sommes tous courtois avec la ou les personnes avec qui nous cherchons à avoir une interaction - client, partenaire potentiel, futur employeur, … Mais le baromètre particulièrement efficace pour montrer la vraie nature de quelqu’un, c’est la manière dont il traite les serveurs, les portiers, les personnes des vestiaires, les chauffeurs et tous les tiers autour de nous.
- La manière dont tu parles des personnes absentes est aussi un indicateur de ta personnalité. Prends l’habitude de parler plus des personnes que tu admires et de ce que tu trouves bien chez les autres. Limite autant que possible les discussions où l’on casse du sucre sur le dos de quelqu’un. Si tu dois parler de quelqu’un avec qui tu es en conflit, fais-le de manière détachée et respectueuse. Le signal qui sera perçu par ton interlocuteur est celui-ci : « J’ai du respect pour les autres, que nous soyons en conflit ou non. Même quand tu seras absent, je ferai preuve de ce respect à ton égard ».
Pour conclure
Dès à présent, quand tu rencontres quelqu’un pour la première fois, essaye de gagner sa confiance : montre lui que tu l’accueilles dans ton monde de manière chaleureuse et que tu t’intéresses à lui de manière circonstanciée plutôt que de tenter de le séduire avec une poignée de main très ferme et un sourire forcé ou de tenter de paraître digne de respect en te vantant de ton dernier exploit ou en te vantant de tes relations. Nous cherchons tous à nous sentir en confiance avec les autres et tu as maintenant les clés pour être perçu comme digne de confiance.
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