Changer notre perception de la critique et du jugement pour s’en libérer.

Nous avons toujours eu un rapport assez ambivalent avec le jugement et la critique. Autant, nous n’avons aucun problème à juger les autres, à les classer, autant nous avons du mal avec l’idée que les autres puissent avoir un avis négatif à notre égard.

 

Pourquoi jugeons-nous ? Pourquoi attachons-nous autant d’importance à l’avis extérieur ? Comment nous détacher de cette peur de la critique ? Et comment gérer la critique directe ?

D’où vient notre habitude à juger l’autre ?

Dès nos trois ans, nous avons besoin d’identifier ce qui nous différencie des autres. C’est de cette manière que nous appréhendons petit à petit le monde et sa complexité.

Mais ce qui est à l’origine une simple distinction naturelle devient rapidement une question de valeur. Car c’est aux mêmes âges que nous acquérons la conscience morale. Et comme notre compréhension du monde est très parcellaire, nous avons tendance à associer la ressemblance avec le bien et la différence avec le mal.

C’est un double mécanisme identitaire qui est à la fois simpliste et très bénéfique à court terme :

  • l’autre fait ou pense « mal », il est différent de moi, donc je fais ou je pense « bien ».
  • l’autre fait ou pense « bien », je suis comme lui, donc je fais ou pense « bien ».

En grandissant, les différences qui continuent à nous poser problème sont celles qui réveillent notre part d’ombre. Lorsque ce que nous observons chez les autres fait écho avec ce que nous avons du mal à reconnaître en nous, le trouble s’installe.

Ce qui nous gène chez les autres, c’est ce qui résonne avec ce que nous n’arrivons pas à reconnaître comme faisant partie de nous. Cela se manifeste de deux manières :

  • Soit ce qui nous dérange chez l’autre est un de nos traits de caractères que nous n’assumons pas pleinement (nos faiblesses, nos angoisses, nos manies, nos tocs, …). Par exemple critiquer quelqu’un sur sa consommation d’alcool alors que nous sommes dépendants au tabac ou au sucre.
  • Soit ce qui nous dérange chez l’autre est un trait de caractère que nous inhibons. Nous en voulons à l’autre de se permettre des choses que nous ne nous autorisons pas (souvent à la suite de pensées limitantes à notre égard). Par exemple critiquer la tenue excentrique de quelqu’un alors que nous ne nous autorisons que des vêtements qui seraient approuvés par nos parents (que nous trouvons pourtant rigides et coincés).

Qui juge-t-on vraiment ?

Juger l’autre nous permet d’éviter de considérer nos propres failles. Se remettre en question est une chose douloureuse. Alors on se rassure en critiquant l’autre. Juger l’autre, c’est porter inconsciemment un jugement sur soi, toujours par l’intermédiaire du mécanisme identitaire cité plus tôt.

Mais on oublie que notre opinion n’a rien d’universel, que tout cela est basé sur un système de valeurs qui nous est personnel.

Peut-on ne pas juger ?

Nous avons tous un avis critique sur notre entourage, nous passons notre temps à juger. Je ne crois pas que nous puissions éviter ce comportement.

Là ou l’on se détache vraiment du jugement, c’est quand on transforme le jugement vis-à-vis de l’autre en une analyse de notre rapport au monde. Cela n’évite pas le jugement, mais nous profitons de ce « réflexe » pour réfléchir à notre singularité. Cela nous permet également de remettre en question notre propre système de valeurs.

Car ce que nous pensons des autres n’engage que nous, et jamais nous n’avons eu d’influence sur la valeur intrinsèque de qui que ce soit. Notre jugement est bien plus intéressant pour ce qu’il nous permet d’apprendre sur nous-même que pour cette pseudo-classification de l’autre.

Le lien entre notre propension à juger et notre crainte du jugement extérieur.

Il y a un lien direct entre notre habitude à critiquer et notre peur d’être mal « noté » par les autres. Plus nous manquons de confiance plus nous accordons de la valeur à l’avis d’autrui. Et parallèlement, plus nous manquons de confiance, plus nous avons besoin de nous rassurer en dévalorisant les autres.

Mais aussi, comme nous voyons le monde uniquement de notre point de vue, plus nous critiquons les autres, plus il nous semble évident que les autres passent leur temps à juger. Et à l’inverse, moins nous sommes critiques, moins nous craignons d’être critiqué.

Change ton rapport au jugement pour progresser.

Tu pourrais te demander : « Et si je change, que vont en penser les autres ? Si je tente cette nouvelle expérience, vont-ils me juger ? Vont-ils continuer à m’accepter ? »

Lorsque tu travailles sur toi-même, lorsque tu cherches à évoluer, tu pourrais craindre de ne plus être accepté de la même manière. Par peur des réactions, certains préfèrent donc ne rien changer à leur façon d’être, même s’ils ne s’y reconnaissent pas.

Mais ce ne devrait pas être un frein à ton développent personnel ! Nous l’avons vu, l’avis et le jugement extérieur n’ont pas de réelles influences sur notre valeur. Cette influence n’est que celle que nous lui accordons.

Et surtout, en agissant plus en fonction de tes valeurs, tu recevras peut-être des retours négatifs de personnes qui ont des valeurs différentes… Mais tu recevras plus de retours positifs de ceux qui ont les mêmes valeurs que toi. Et ce sont ces derniers qui auront le plus de poids à tes yeux.

Sois plus à l’aise avec la critique.

Le jugement en apprend plus sur la personne qui critique que sur la personne critiquée. Mais l’inconfort que nous ressentons face à la critique révèle aussi des choses sur nous.

Quelles sont les critiques qui te frustrent le plus ? Que réveillent-elles en toi ? Pourquoi réagis-tu de la sorte ? Car si tu réagis à la critique, c’est que, justement, elle touche une corde sensible.

Les premières réponses à ces questions pourraient être tournées contre l’autre : « Il a dit ceci. Il a fait cela. Il ne me respecte pas… ». Mais plus tu approfondiras ta réflexion, plus tes réponses seront tournées vers toi et vers ton parcours.

C’est en creusant un peu plus que tu trouveras les réponses qui te permettront de petit à petit mettre fin à ton inconfort. Car en comprenant la cause réelle de tes ressentis et en changeant ta perception face à ceux-ci, la « corde » deviendra moins sensible.

Ne le prends pas personnellement.

L’avis d’une personne n’est que le reflet de son propre rapport à l’autre. Le reflet de son système de valeurs et celui-ci n’est probablement pas identique au tien. Pourtant, face à la critique, notre réaction naturelle est de le prendre pour nous, de nous remettre en question ou de nous énerver.

Avant de te remettre en question, commence par analyser les points suivants :

  • Est-ce que la personne qui critique est quelqu’un qui se concentre sur les choses négatives ?
  • Fait-elle toujours le même genre de commentaires ?
  • Réagit-elle de la même manière avec d’autres personnes ?
  • Ne projette-t-elle pas ses peurs et ses limites sur les autres ?

Comprends le vrai message.

Tu le sais, les mots utilisés et la signification des paroles ne représentent que 7 % du message transmis. Le non-verbal, nos attitudes, en représentent 55 % tandis que le para-verbal, nos intonations et notre rythme vocal, 38 %. Autant nous avons clairement appris la signification des mots que nous employons, autant nous n’avons jamais eu de vrais cours sur l’utilisation du non-verbal et du para-verbal. Cela se fait à l’instinct.

Et quand nous émettons une critique, nous n’avons pas toujours la bonne attitude ou le bon ton pour le dire. Nous sommes tellement focalisés sur le fond (qui nous prend à cœur) que nous oublions de faire attention à la forme. Dans l’urgence de l’émotion, nous ne prenons pas le temps de mettre des gants.

Et quand tu reçois une critique, il y a beaucoup de chances que tu réagisses plus à la forme qu’au fond du message. Nous sommes tous comme cela : nous réagissons plus au ton utilisé et à notre perception de l’attitude de l’autre. Et cela peut créer des malentendus ou des tensions inutiles.

Quand tu reçois une critique ou un jugement, prends du recul :

  • Quels sont les mots qui ont été utilisés ? Étaient-ils utilisés à bon escient ?
  • Quelle est l’intention de la personne critique ?
  • Qu’essaye-t-elle de te communiquer ?
  • Essaye-t-elle vraiment de te saper le moral ? Ses intentions ne sont elles pas plus constructives que tu ne le penses ?
  • Et si tu n’es pas sûr(e) des intentions de ton interlocuteur, n’hésite pas à demander « Je dois le prendre comment ? » C’est très efficace pour éclaircir les choses.

Et puis tu peux porter ton attention sur les émotions de ton interlocuteur, sur ses besoins non satisfaits. Si l’autre te critique, c’est probablement qu’une de ses frustrations a été éveillée. Car la plupart des jugements et des critiques ne sont pas faits avec l’intention de blesser. Le plus souvent, ces reproches ne jaillissent pas volontairement, mais à travers une émotion par nature impulsive.

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Filtre et tempère les critiques en fonction de ce que tu sais de leurs émetteurs.

Si la critique vient de quelqu’un qui a l’habitude de toujours tout critiquer, elle aura moins de poids à tes yeux que si elle vient de quelqu’un qui est habituellement positif.

Mais également, si tu connais la personne, tu peux tempérer la critique sur base de ses manies et de sa manière de voir le monde qui l’entoure.

Et finalement, ce que tu apprends des autres par leurs jugements et leurs critiques te permet de moduler la place que tu leur permets de prendre dans ta vie. Préfères-tu avoir la compagnie d’une personne directe et franche, plutôt que de quelqu’un qui te flatte hypocritement pour s’attirer tes faveurs ?

Personnellement, j’ai des amis qui se sont révélés désagréablement francs lorsque je les ai rencontrés. Pourtant, ils me sont devenus précieux, car ils sont fidèles à leurs mots.

Et si le jugement vient d’une personne que tu ne connais pas ? Est-ce que la critique te semble fondée ? Peux-tu en tirer un enseignement qui te permet de progresser ? Si la critique ne répond à aucun de ces deux critères, tu n’en tiens pas compte… Car quoi que tu fasses, tu auras inévitablement quelques détracteurs.

Conclusion

On a souvent tendance à donner trop d’importance au jugement extérieur. Soit parce que ce jugement vient de quelqu’un qui ne fait que passer et dont l’avis n’aura finalement aucune influence sur notre vie. Soit parce que nous oublions que même s’ils nous critiquent de temps en temps, nos proches seront toujours là pour nous soutenir et nous valoriser.

Alors, au lieu de penser à ce que la société pourrait penser de tes changements, focalise-toi sur la personne que tu aspires à être. Seul compte le fait que tes choix et tes comportements soient en adéquation avec tes valeurs.

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